dimanche 15 mai 2016

Le journal de Mary.
Alexandra Echkenazi.
Editions Belfond.
278 pages.

Résumé:

Washington, milieu des années 1960. Française d'origine, Mary vit avec son mari haut gradé de la CIA et leurs trois enfants dans le quartier résidentiel de Georgetown, où le couple côtoie la haute société et le gratin politique. Féministe et pacifiste – fichée par le FBI comme une activiste de gauche –, Mary est artiste peintre et mène une vie d'intellectuelle à l'affût de toutes les nouvelles expériences qui se présentent durant cette période pré-68. 
Quand le plus jeune de ses enfants meurt accidentellement, fauché par une voiture devant la maison familiale, tout s'effondre pour Mary, qui quitte son mari et s'installe seule avec ses deux enfants dans la plus petite maison de Georgetown. C'est alors qu'elle recroise un homme qu'elle avait rencontré à l'université, et que recommence une passion qui ne l'avait jamais quittée. Mary accepte de rester l'amour secret de cet homme qui ne l'officialisera jamais en raison de ses fonctions. Elle est pourtant celle qui agit dans l'ombre, à ses côtés. 
Moderne, bien trop moderne au goût de certains, Mary ne s'en cache pas, elle veut changer le monde. Alors que l'homme qu'elle aime tant meurt à Dallas le 22 novembre 1963, elle meurt à son tour un an plus tard, assassinée au bord du fleuve Potomac, deux jours avant son 44ème anniversaire. 
Le journal qu'elle tenait n'a jamais été retrouvé. Le journal du véritable amour de JFK.

Mon avis: 

Passionnée par les Etats-Unis et par les années 60, j'ai tout de suite été attirée par Le journal de Mary. Mais je dois dire que j'ai longtemps hésité à le demander en partenariat car j'avais un peu peur d'être déçu par son contenu, qu'il soit trop axé sur la politique et la mort du président, que sur Mary elle même et leur liaison.
Dans ce roman nous sommes bel et bien directement plongés au cœur de l'Amérique des sixties, mais surtout au cœur d'une magnifique et tragique histoire d'amour. Kennedy n'est pas encore au pouvoir mais fait de plus en plus parler de lui pour ses idées politiques novatrices mais aussi pour ses nombreuses conquêtes féminines, dont parmi elle Mary, envers qui il a toujours eu le béguin depuis l'université et qu'il n'avait pas revu depuis des années. Va alors naître entre eux une relation épistolaire à sens unique tout d'abord, puis petit à petit une liaison secrète passionnelle.

Je me suis complètement laissée emporter par cette sublime histoire d'amour, un peu démodée certes mais tellement vraie. D'autant plus que l'auteure prend le temps de revenir sur leur toute première rencontre en 1936 lors du bal universitaire où ils étaient étudiants, et nous fait partager les lettres enflammées que Jack lui écrit tous les jours pour essayer de la conquérir. 
Pourtant cette relation n'était pas gagné d'avance puisque tout les oppose. Lui est sur le point de devenir l'homme le plus puissant des Etats-Unis, alors qu'elle après avoir côtoyé durant des années le monde impitoyable des hommes d'affaires, aspire à plus de calme et de simplicité. De plus, devenir la maîtresse d'un homme marié et se retrouver souvent seule ou épiée ne l’intéresse pas. 
Malgré tout, leur attirance et leurs nombreux points communs vont être plus forts que tout. Mary est la seule qui puisse le comprendre vraiment et lui apporter la sérénité et les conseils dont il a besoin. Quand à lui, il sait lui redonner le moral et lui apporter le bonheur qu'elle recherche depuis longtemps.

Je connaissais un peu JFK bien-sûr à travers ce que j'ai pu lire ou voir à la télévision de lui, à savoir qu'il était connu pour être un homme dragueur et coureur de jupons. Hors ce livre m'a permis à ma grande surprise de me faire une autre opinion le concernant. J'ai découvert un homme plus faible qu'il ne paraissait, aussi bien physiquement que mentalement, puisque on découvre qu'il a été président un peu malgré lui poussé par son père, qu'il n'était jamais très sûr des décisions à prendre, qu'il était assez influençable et naïf, contrairement à Mary qui se méfiait de tout le monde, surtout en politique. Bien que sûr de son charme envers les femmes et arrogant, il m'a paru néanmoins assez attachant, drôle et sympathique. Finalement on découvre un homme mal à l'aise dans ses fonctions de président qui le prive de toute liberté, et qui préférerait vivre normalement.
Mary quant à elle m'a beaucoup touché dès le début. Elle qui vient de perdre subitement un de ses enfants est complètement effondrée. Son couple n'y résiste d'ailleurs pas. Elle m'a beaucoup ému et sa force m'a impressionné. C'est une femme brisée qui rêve de paix, de liberté, d'un avenir nouveau, meilleur, plus juste. Elle est indépendante, sûre d'elle et ne se laisse pas faire, notamment vis à vis des hommes devant qui elle n’hésite pas à défendre ses idées.

J'ai aimé assister aux événements historiques de l'époque en même temps que leur histoire d'amour impossible, les mésententes entre les pays du monde entier comme Cuba ou la Russie, la menace d'une troisième guerre mondiale, voir les mentalités qui commencent à évoluer concernant l'amélioration des conditions des femmes mais aussi des noirs...
J'ai trouvé intéressant également que l'auteure parsème son roman de titres ou de paroles de chansons de l'époque que j'ai apprécié écouter tout en lisant, ce qui m'a permis de mieux m’imprégner de l'ambiance de l'époque . 
Néanmoins, j'ai été un peu perturbée par le fait de ne pas pouvoir faire la différence entre vérité et fiction dans ce roman. Même si Alexandra Echkenazi nous indique à la fin dans ses notes que Mary a vraiment existé et qu'elle a énormément fait de recherches concernant les personnages présents dans le roman et sur les faits historiques, elle nous précise que le journal de Mary est inventé, donc difficile de savoir si ce qui était relaté était vrai ou non.

Pour conclure:
Une histoire d'amour bouleversante et passionnelle entre l'homme le plus puissant des Etats-Unis des années 1960 et une ancienne amie d'université Mary meyer, envers qui il n'a jamais cessé d'avoir des sentiments. Une dangereuse liaison ponctuée de pressions et de menaces de la part des bras droits de JFK. Un bon dans le temps magique et réussi, même si j'ai regretté de ne pas pouvoir différencier faits romancés et faits réels. Alexandra Echkenazi  nous livre ici un excellent premier roman, mélange de roman épistolaire, romance, témoignage et roman historique, que je vous conseille énormément.
Je remercie les Editions Belfond pour cette belle découverte.

Ma note: 17/20.



2 commentaires:

  1. Coucou
    Et bien quelle magnifique chronique.
    Cette époque ou plutôt cette partie ci de l'histoire m'intéresse moins mais rien qu'en te lisant tu as réussi à me donner envie de me pencher sur ce sujet.
    Il est vrai que je ne connais absolument rien à cette période à part quelques trucs vus à la tv.
    Merci pour la découverte.
    Je le note.
    Bises

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