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Ma fille.
Jane Shemilt.
Editions Le cherche Midi.
395 pages.

Résumé:

Jenny est médecin, mariée à un neurochirurgien célèbre. Ensemble, ils ont élevé trois superbes enfants. Un soir, la plus jeune, Naomi, 15 ans, ne rentre pas à la maison. Les recherches lancées à travers tout le pays restent vaines. L’adolescente a disparu. La famille est brisée. Plus d’un an a passé et les pires scénarios envisagés – enlèvement, assassinat – semblent de moins en moins plausibles. L’enquête s’essouffle... Cependant, Jenny, désespérée et obsessionnelle, n’a pas renoncé. Elle continue à chercher. Elle sent qu’elle ne retrouvera pas sa fille si elle ne sait pas tout de sa vie. Mais faut-il vraiment vouloir tout savoir de ceux qui nous sont le plus proche ? Car les vérités qu’elle va découvrir sont loin d’être celles auxquelles elle s’attendait.

Mon avis:

Je suis de plus en plus attirée par les parutions des Editions Le cherche midi. Je les ai découvert avec Today we live le roman d'Emmanuelle Pirotte que j'avais adoré, puis les très bonnes lectures se sont enchaînées: Amélia de Kimberley Mccright, Carnaval de Roger Célestin, Six femmes de Tina Seskis ou encore Les derniers jours de Rabbit Hayes de Anna Mcpartlin. Une fois de plus je remercie Solène pour l'envoi de ce roman que j'avais repéré depuis un moment et qui m'avait l'air d'être tout aussi prenant.

Pourtant, alors même que l'histoire semblait avoir tout pour me plaire, je n'ai pas été séduite par le choix de narration qu'a fait l'auteure. Le fait d'alterner successivement tout au long du roman le passé, avant la disparition de Naomi ou quelques jours après, et le présent un an plus-tard m'embrouillait, car il fallait constamment essayer de comprendre ce qu'il s'était passé entre temps.J'aurais préféré un schéma plus classique, suivre les faits dans l’ordre chronologique, vivre l'enquête au jour le jour.

De plus, à côté de l'intrigue principale, on suit plusieurs personnages secondaires dans l'environnement de Jenny, tels qu'une de ses petites patientes Jane, sa mère qui perd la mémoire, ou encore les voisins de leur maison de vacances. L'auteure sautait souvent d'un sujet à un autre, je ne comprenais pas du coup où elle voulait en venir, et j'avais l'impression qu'elle s'éloignait du sujet principal qui nous intéressait, à savoir la disparition de Naomi.

En dépit de cela, on va suivre Jenny sa mère, qui va tenter de comprendre pourquoi sa fille Naomi a disparu. Le lecteur est ainsi constamment plongé dans ses pensées car elle essaie de se remémorer les événements marquants dans la vie de Naomi ou certains changements auxquels elle n'aurait pas fait attention sur le moment. Accaparée par son travail qui la contraint à être souvent absente de la maison, elle se rend peu à peu compte qu'elle ne connait pas vraiment ses enfants et ne leur prête pas vraiment attention. Les mauvaises surprises vont donc s’enchaîner et la faire tomber de haut.

J'ai eu beaucoup de mal à certains moments à comprendre vraiment le personnage de Jenny. Je l'ai trouvé plus d'une fois naïve, aveugle même, concernant ce qu'il se passait sous son propre toit. Comment ne pouvait-elle pas voir certaines choses qui semblaient flagrantes à mes yeux? Je n'ai pas vraiment réussi à ressentir de la compassion pour elle alors que la perte de Naomi a littéralement brisé sa famille. Ted et Jenny se sont éloignés pour finalement se séparer, les enfants sont de moins en moins proches de leurs parents, tous leurs amis les ont laissé tomber. Malgré son désespoir et les moments difficiles qu'elle endure, notamment  lorsqu'elle s'imagine ce que sa fille est peut-être devenue ou ce qu'elle a peut-être subit, je n'arrivais pas à être touché comme j'aurais dû l’être. 

Quant à Naomi difficile de vraiment réussir à s'attacher à elle. J'ai eu l'impression de ne pas vraiment la connaître finalement, puisqu'à aucun moment on est véritablement dans sa tête, à aucun moment on la suit dans sa vie quotidienne avant sa disparition, on ne sait pas ce qu'elle pense, on ne connait pas vraiment son caractère, ses fréquentations... étant donné qu'on ne l’aperçoit que brièvement au début et qu'ensuite la plupart du temps on ne l'a voit qu'à travers les yeux de sa mère et des souvenirs qu'elle a d'elle. En refermant le livre je me rend compte que je n'ai toujours pas réussi à la comprendre. 

Ce flou dans lequel on est en permanence a néanmoins l' avantage de ne pas tout nous faire comprendre rapidement, on ne sait qu'à la toute fin ce qui est arrivé à Jenny. Et je félicite Jane Shemilt pour ce suspens qu'elle garde jusqu'aux toutes dernières pages. 
C'est également un roman intéressant sur le plan des relations mère-fille et sur le passage difficile de l'adolescence, aussi bien pour le jeune concerné que pour les parents qui ont bien du mal à faire face parfois aux périodes délicates que traverse leur enfant, quant ils en ont seulement conscience.

Pour conclure:
Ma fille est un roman sur le difficile combat d'une mère pour retrouver son enfant disparu, mais qui ne m'a pas pour autant totalement convaincu. La narration est assez intrigante, les flash-back constants et les intrigues secondaires m'ont un peu perdu. J'ai eu du mal à être touché par cette histoire, car les personnages m'ont semblé étrangers tout le long du roman. Jenny semble plus s’apitoyer sur son sort, culpabiliser en tant que mère et ressasser ses regrets que véritablement rechercher sa fille.  La fin m'a surprise et ne m'a pas permis de comprendre réellement Naomi. Néanmoins le suspens reste présent jusqu'au bout, ce qui pour un thriller est quand même un point à ne pas omettre. 

Ma note: 12/20.