mardi 27 septembre 2016

Face à la mer.
Françoise Bourdin.
Editions Belfond.
280 pages.

Résumé:

Mathieu tient une librairie indépendante au Havre depuis plus de vingt ans. Il a consacré sa vie à son entreprise, ce qui lui a valu un divorce et l'a empêché de voir grandir sa fi lle, Angélique. Passionné par son métier, entouré de collaborateurs qui l'admirent, il réussit pleinement. Mais le succès a un prix, et un jour, c'est le burn-out. Impossible pour Mathieu de pousser la porte de sa librairie. Déprimé, apathique, il décide de tout plaquer et de se réfugier à Sainte-Adresse, dans la maison de son vieil ami César qui vient de mourir. Alors qu'il n'aspire qu'à la solitude, ses proches s'invitent les uns après les autres. Tess, sa compagne amoureuse mais impuissante à l'aider, son ex-femme, ses quatre frères, qui ne comprennent pas les raisons d'une telle crise. Seule Angélique prend la mesure de la situation et, malgré sa jeunesse, décide de veiller sur la librairie et de motiver chaque jour les employés, quitte à négliger ses études. Tandis que Mathieu tente de trouver dans son passé l'origine du mal qui l'anéantit, la détermination sans faille d'Angélique pourrait bien l'aider à se reconstruire et à envisager une nouvelle façon d'exercer son métier. Surtout si des dangers surgissent...

Mon avis:

Lorsque les Editions Belfond m'ont envoyé le récapitulatif de leur rentrée littéraire, j'ai tout de suite été intéressée par Face à la mer, un roman traitant du burn-out, un mal-être soudain, difficile à surmonter, dont à mon sens on parle peu, et qui est encore assez mal compris. Je remercie donc la maison d'Editions pour cet envoi.

Mathieu est un amoureux des livres depuis tout petit, si bien qu'il en a fait son métier. Parti de rien, et à force de travail acharné et d'idées toutes plus florissantes les unes que les autres, il tient aujourd'hui la plus grande librairie du Havre. Jusqu'au jour où c'est le trou noir. Un matin il se réveille avec le dégoût de tout, l'envie de rien. Lui qui d'ordinaire vivait au rythme de sa librairie, sa véritable passion, n'envisage même plus d'y remettre les pieds. Il ne se reconnait plus, n'a envie de voir personne, il sombre petit à petit dans ce qu'on appelle la dépression, jusqu'à avoir même parfois des envies suicidaires. 

Comment ne pas s'attacher à cet homme qui a pourtant, semble t-il, tout pour être heureux. Un métier de rêve dans une ville qu'il adore, une petite-amie dont il est éperdument amoureux, une fille adorable. J'ai été touchée par son désarroi et son impossibilité à comprendre ce qui lui arrive, son impression constante d'être devenu quelqu'un d'autre, son refus de continuer à broyer du noir, mais en même temps ses difficultés à retrouver goût à la vie. 

L'auteure met également en lumière tous les préjugés que l'on peut avoir face à une telle maladie psychologique. L'incompréhension des autres tout d'abord qui en minimisent même parfois les symptômes et les conséquences. Tel est le cas pour Mathieu, dont la famille ne cherche pas vraiment à comprendre son état. L'attitude de ses frères et de sa mère m'a révolté et profondément
attristé. Seule sa fille Angélique et sa petite amie Tess ne veulent pas l'abandonner. J'ai beaucoup aimé ces deux personnages, qui malgré leur impuissance à guérir Mathieu, tentent de l'aider du mieux qu'elles peuvent. 

Le refus de se faire aider ensuite par volonté ou conviction de s'en sortir seul, par honte également de voir un psychologue, de se faire traiter de fou. Commence alors pour lui pendant ses moments de solitude une lente remise en question sur sa vie, sur son passé, et notamment sur un traumatisme d'enfance qui ne semble pas étranger à son état d'esprit morose. J'ai trouvé intéressant que l'auteure se serve de l'histoire de Mathieu pour nous expliquer que peut-être le burn-out n'est pas toujours synonyme de trop de travail, qu'il peut aussi avoir des origines plus profondes.

C'est un récit sombre mais à aucun moment déprimant ou larmoyant. Au contraire, on sent  la volonté de Mathieu de s'en sortir malgré le fait qu'il pense qu'il n'arrivera jamais à remonter la pente. On sent que le vrai Mathieu est encore là quelque part. Ses capacités à s'interroger sur lui-même et sur les autres, son intérêt pour ce qui se passe autour de lui prouve qu'il croit encore en la vie et c'est un véritable message d'espoir qui est transmis à travers les lignes de ce roman. 

A côté de cela, j'ai apprécié me retrouver par moments dans sa librairie gigantesque mais au combien accueillante et chaleureuse, avec son coin salon de thé, et ses fauteuils confortables invitant à la lecture. C'était un vrai régal de se blottir parmi les livres, et apaisant dans un certain sens, entre les moments de déprime plus difficiles de Mathieu. 

Pour conclure:
Un roman intéressant sur une maladie psychologique peu traitée je trouve en littérature et encore mal compris. J'ai aimé Mathieu pour son envie de s'en sortir et de ne pas vouloir impliquer ses proches dans son malheur. Ni triste, ni larmoyant, au contraire il porte l'espoir et la guérison. Un livre que je vous conseille donc si vous vous voulez en savoir plus sur ce sujet, mais aussi si vous êtes passionné de lectures, car il est aussi question de littérature et de librairie dans ce roman.


Ma note: 16/20.

1 commentaire:

  1. Ton avis me donne su-per envie de lire ce roman ! Le thème me paraît vraiment intéressant, et si en plus on suit un amoureux des livres... :D

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