Face à la mer.
Françoise Bourdin.
Editions Belfond.
280 pages.
Résumé:
Mathieu tient une librairie
indépendante au Havre depuis plus de vingt ans. Il a consacré sa vie à son
entreprise, ce qui lui a valu un divorce et l'a empêché de voir grandir sa fi
lle, Angélique. Passionné par son métier, entouré de collaborateurs qui l'admirent,
il réussit pleinement. Mais le succès a un prix, et un jour, c'est le burn-out.
Impossible pour Mathieu de pousser la porte de sa librairie. Déprimé,
apathique, il décide de tout plaquer et de se réfugier à Sainte-Adresse, dans
la maison de son vieil ami César qui vient de mourir. Alors qu'il n'aspire qu'à
la solitude, ses proches s'invitent les uns après les autres. Tess, sa compagne
amoureuse mais impuissante à l'aider, son ex-femme, ses quatre frères, qui ne
comprennent pas les raisons d'une telle crise. Seule Angélique prend la mesure
de la situation et, malgré sa jeunesse, décide de veiller sur la librairie et
de motiver chaque jour les employés, quitte à négliger ses études. Tandis que
Mathieu tente de trouver dans son passé l'origine du mal qui l'anéantit, la
détermination sans faille d'Angélique pourrait bien l'aider à se reconstruire
et à envisager une nouvelle façon d'exercer son métier. Surtout si des dangers
surgissent...
Mon avis:
Lorsque les Editions Belfond
m'ont envoyé le récapitulatif de leur rentrée littéraire, j'ai tout de suite été
intéressée par Face à la mer, un roman traitant du burn-out, un mal-être
soudain, difficile à surmonter, dont à mon sens on parle peu, et qui est
encore assez mal compris. Je remercie donc la maison d'Editions pour cet envoi.
Mathieu est un amoureux des
livres depuis tout petit, si bien qu'il en a fait son métier. Parti de rien, et
à force de travail acharné et d'idées toutes plus
florissantes les unes que les autres, il tient aujourd'hui la plus grande
librairie du Havre. Jusqu'au jour où c'est le trou noir. Un matin il se
réveille avec le dégoût de tout, l'envie de rien. Lui qui
d'ordinaire vivait au rythme de sa librairie, sa véritable passion,
n'envisage même plus d'y remettre les pieds. Il ne se reconnait plus, n'a envie
de voir personne, il sombre petit à petit dans ce qu'on appelle la dépression,
jusqu'à avoir même parfois des envies suicidaires.
Comment ne pas s'attacher à cet
homme qui a pourtant, semble t-il, tout pour être heureux. Un métier de rêve
dans une ville qu'il adore, une petite-amie dont il est éperdument
amoureux, une fille adorable. J'ai été touchée par son désarroi et son
impossibilité à comprendre ce qui lui arrive, son impression constante d'être
devenu quelqu'un d'autre, son refus de continuer à broyer du noir, mais en même
temps ses difficultés à retrouver goût à la vie.
L'auteure met également
en lumière tous les préjugés que l'on peut avoir face à une telle
maladie psychologique. L'incompréhension des autres tout d'abord qui en
minimisent même parfois les symptômes et les conséquences. Tel
est le cas pour Mathieu, dont la famille ne cherche pas vraiment à comprendre
son état. L'attitude de ses frères et de sa mère m'a
révolté et profondément
attristé. Seule sa fille
Angélique et sa petite amie Tess ne veulent pas l'abandonner. J'ai beaucoup
aimé ces deux personnages, qui malgré leur impuissance à guérir Mathieu,
tentent de l'aider du mieux qu'elles peuvent.
Le refus de se faire aider
ensuite par volonté ou conviction de s'en sortir seul, par honte également de
voir un psychologue, de se faire traiter de fou. Commence alors pour lui
pendant ses moments de solitude une lente remise en question sur sa vie, sur son
passé, et notamment sur un traumatisme d'enfance qui ne semble pas étranger à
son état d'esprit morose. J'ai trouvé intéressant que l'auteure se serve de
l'histoire de Mathieu pour nous expliquer que peut-être le burn-out n'est
pas toujours synonyme de trop de travail, qu'il peut aussi avoir des origines
plus profondes.
C'est un récit sombre mais à
aucun moment déprimant ou larmoyant. Au contraire, on sent la volonté de
Mathieu de s'en sortir malgré le fait qu'il pense qu'il n'arrivera jamais à
remonter la pente. On sent que le vrai Mathieu est encore là quelque part.
Ses capacités à s'interroger sur lui-même et sur les autres, son intérêt pour ce qui se passe autour
de lui prouve qu'il croit encore en la vie et c'est un véritable message
d'espoir qui est transmis à travers les lignes de ce roman.
A côté de cela, j'ai apprécié me
retrouver par moments dans sa librairie gigantesque mais au combien
accueillante et chaleureuse, avec son coin salon de thé, et ses fauteuils
confortables invitant à la lecture. C'était un vrai régal de se blottir parmi
les livres, et apaisant dans un certain sens, entre les moments de déprime plus
difficiles de Mathieu.
Pour conclure:
Un roman intéressant sur une
maladie psychologique peu traitée je trouve en littérature et encore mal
compris. J'ai aimé Mathieu pour son envie de s'en sortir et de ne pas
vouloir impliquer ses proches dans son malheur. Ni triste, ni larmoyant,
au contraire il porte l'espoir et la guérison. Un livre que je vous conseille
donc si vous vous voulez en savoir plus sur ce sujet, mais aussi si vous êtes
passionné de lectures, car il est aussi question de littérature et de librairie
dans ce roman.
Ma note: 16/20.
Ton avis me donne su-per envie de lire ce roman ! Le thème me paraît vraiment intéressant, et si en plus on suit un amoureux des livres... :D
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