Nos années sauvages.
Karen Joy Fowler.
Editions Presses de la cité.
364 pages.
Résumé:
Il était une fois deux soeurs, un
frère et leurs parents qui vivaient heureux tous ensemble. Rosemary était une
petite fille très bavarde, si bavarde que ses parents lui disaient de commencer
au milieu lorsqu'elle racontait une histoire. Puis sa soeur disparut. Et son
frère partit. Alors, elle cessa de parler… jusqu'à aujourd'hui. C'est
l'histoire de cette famille hors normes que Rosemary va vous conter, et en
particulier celle de Fern, sa soeur pas tout à fait comme nous…
Mon avis:
Je n'avais jamais entendu parler
de ce livre avant sa sortie en France aux Editions Presses de la cité, mais sa
couverture et son résumé assez insolites m'ont tout de suite intrigués.
L'excellent avis de Fiona du blog Pretty Books a ensuite fini de me convaincre.
C'est un roman qui de prime abord
il est vrai est assez particulier. Il nous étonne, nous déroute, nous
déconcerte. J'ai eu beaucoup de difficultés au début à rentrer dans
l'histoire de Rosemary, notamment parce qu'elle la raconte de façon assez
décousue. Elle le dit très bien elle-même, elle commencera son récit au milieu,
pour revenir au fil des pages au début puis à la fin, si bien qu'à la lecture
tout nous semble confu. L'auteure passe d'un sujet à un autre sans véritable
lien, elle s'éparpille, on ne comprend pas bien où elle veut véritablement en
venir, mais je voulais vraiment continuer, m'accrocher, car les critiques sur
la beauté de ce livre étaient pratiquement toutes unanimes.
Et comme j'ai bien fait.
Au bout d'une centaine de pages, une révélation nous est faite, annoncée de
façon brutale et franche, une révélation à laquelle pour ma part je ne
m'attendais pas et qui fait toute la différence. A partir de là on
comprend petit à petit le sujet fort dont va traiter le livre. On est peu à peu
attendri par l'enfance originale qu'a eu Rosemary, ému par la complicité
évidente qu'elle entretenait avec cette sœur particulière avec laquelle elle a
grandit et par le sentiment d'abandon, de culpabilité qu'elle ressent à
la disparition de celle-ci, puis révolté par ce qui est suggéré, à demi dévoilé
sur le sort de cette dernière. Cette petite fille intelligente et vive, à
l'enfance différente des autres, aussi belle que douloureuse, et qui depuis est
habitée par un sentiment de vide intense et d'incompréhension m'a énormément
touchée.
C'est un roman assez dense dans
son contenu car il évoque énormément de sujets sociales, de thèses
scientifiques, de questions psychologiques, qui amènent le lecteur à réfléchir
sur le développement de l’être humain, sur ce qui fait ce que nous seront une
fois adulte, sur la rivalité fraternelle, sur l'humanité en générale dans ce
qu'elle a de meilleur et de plus mauvais, sur la place de la science et son
utilité... Chaque mots, chaque phrases de ce roman ont du sens, nous
bouleversent, nous atteignent, nous font prendre conscience de certaines
réalités. Il est vrai qu'il est déconcertant, déstabilisant, même bizarre et
curieux, mais tellement inédit, unique, vrai, sincère, profond et pertinent,
qu'il mérite à mon sens d'être lu par tous.
"Le monde tourne grâce à cette souffrance sans fin et sans fond. Les gens savent, mais tant qu'ils ne voient rien, cela ne les gêne pas. Si on les oblige à regarder, alors ils sont révoltés et ils te détestent parce que tu les as forcés à voir."
Pour conclure:
A tous ceux qui hésitent à le
lire, n'hésitez plus. A tous ceux qui hésitent à le continuer, n'abandonnez
pas. On ouvre ce livre comme on ouvre une page sur le monde, sur l'humanité, si
belle mais parfois aussi si cruelle. Un roman surprenant, parfois
difficile, mais à la fin duquel on ne ressort pas indemne. A lire
absolument.
Ma note: 18/20.
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