mardi 28 février 2017

Personne n'a oublié.
Stéphanie Exbrayat.
Editions Terra Nova.
268 pages.
En librairie depuis le 1er février 2017.

Résumé:


Sam, huit ans, tombe du haut d’une grange et meurt le crâne fracassé. Pour Colette, sa mère, impossible de croire à un accident. Elle soupçonne François, son mari, un homme violent et secret, de ne pas être étranger au drame. Dix ans auparavant, Colette, enceinte d’un autre homme, a été contrainte de l’épouser. Dès lors, son mari a imposé la terreur et la tyrannie au sein de leur foyer. Bravant la violence de cet homme, Colette s’engage dans une dangereuse quête de vérité. Quel rôle a-t-il joué dans la mort de Sam ? Et quel est ce trouble passé que François semble vouloir cacher à tout prix ? Au cœur de ce petit village du Morvan, les esprits s’échauffent et les tensions remontant à la guerre atteignent leur paroxysme. Le village bruisse de rumeurs et de douloureux secrets ne tardent pas à resurgir… Quand la mort d’un enfant fait resurgir les secrets d’un village…

Mon avis:

J'ai repéré ce roman par hasard en navigant sur le site des Editions Terra Nova. Cette jolie couverture enfantine suggérant un drame terrible m'a tout de suite intrigué, et le résumé si tragique m'a convaincu qu'il avait tout pour me plaire. Merci donc à la maison d'édition et plus particulièrement à Sebastien pour l'envoi de ce titre.

Personne n'a oublié est le premier roman de Stéphanie Exbrayat, que je vais d'ailleurs suivre de près car je n'ai tout simplement pas pu le lâcher. Les mots qu'elle utilise pour parler de la détresse de Colette qui vient de perdre Sam, son fils unique de huit ans, sont magnifiques, empreints de réalisme et m'ont beaucoup ému. Dès les premières pages on assiste impuissant à la douleur de cette jeune maman qui non seulement doit vivre avec le terrible drame qui la touche, mais qui en plus doit supporter quotidiennement François, un mari méprisant et violent, qui ne lui donne aucun droit, comme malheureusement tel était souvent le cas pour les femmes en 1963. La perte d'un enfant est sans doute ce qu'il y a de pire pour une mère, et cette souffrance est d'autant plus grande quand la culpabilité vous ronge. 

"Avant, j'étais douée pour embrasser les beautés de ce monde, pour apprécier tous les détails infimes qui rendent la vie belle. J'étais douée pour le bonheur. Mais ma petite voix s'est tue. Elle avait résister à la mort de ma mère, puis à celle de Guy, mais Sam... C'est trop insupportable. Je me sens comme dans une boîte. Une boîte avec un couvercle bien fermé. Une geôle oú je ne sais plus distinguer la terre du ciel . Sam est mort et l'azur s'est vidé. Les oiseaux ne chantent plus. Les fleurs n'ont plus d'odeur. Plus rien n'a de goût. La beauté de ce monde est sorti de mon champ de vision. Je suis dans un caisson étanche. Je n'entends plus. Je ne vois plus rien. Tout à disparu. Sam a tout emporté avec lui. Ma bonne étoile n'a pas su me protéger du pire, mais elle me maintient survivante malgré le pire. Elle me porte sur un chemin tourmenté qu'il me faut continuer de parcourir. Quand j'ai eu envie de mourir après le décès de Guy, le docteur Verdier m'a fait comprendre qu'il y avait toujours une raison de rester en vie. Aujourd'hui je dois trouver laquelle. "

Car si Colette éprouve des remords à ne pas avoir emmené Sam avec elle ce jour-là, elle culpabilise encore plus d'avoir laissé Sam avec François. Bien vite au fil des pages le doute se met en place dans l'esprit de Colette, mais aussi dans celui du lecteur, car ce dernier a un comportement assez inhabituelPourtant François n'est pas la seule personne que l'on soupçonne, car dans le petit village où vit Colette, tout le monde semble méfiant à l'égard de son prochain, les conséquences sans doute des deux guerres dont vient d'être victime le pays, et chacun semble avoir quelque chose à cacher. Ce doute perpétuel est très bien amené et très bien dosé je trouve de la part de l'auteure. J'ai soupçonné beaucoup de monde sans finalement réussir à détenir la clé du mystère autour de la disparition de Sam, d'ailleurs la fin selon moi est impossible à deviner.

C'est un petit garçon auquel on s'attache beaucoup même si on ne le voit qu'à travers les souvenirs de Colette. N'ayant reçu finalement que l'amour de sa mère on se rend compte qu'ils étaient tous les deux très liés, que c'était un enfant très réservé, calme et la plupart du temps obéissant, ce qui rend l'histoire encore plus tragique et ce drame incompréhensible. Je me suis facilement prise dans l’enquête qu'elle mène en secret avec sa meilleure amie et voisine Madeleine, déterminée comme elle à trouver le coupable de la mort de Sam. L'impuissance de Colette à découvrir la vérité est assez frustrante, et sa soumission envers son mari peut parfois agacer, mais la détermination dont elle fait preuve alors que chaque jours qui passent semblent insurmontables est incroyable. La force que cette femme puise constamment en elle alors que la vie jusque là ne lui a pas fait de cadeaux m'a énormément touché. 


L'ambiance de ce livre vous l'aurez compris est sombre, pesante, et pourtant c'est l'espoir qui en ressort finalement. L'espoir pour Colette de faire éclater la vérité pour que son fils repose en paix, l'espoir de se libérer de cette vie étouffante, de laisser tous les secrets qui entourent son passé derrière elle, et l'espoir surtout de réapprendre à vivre sans ce fils qui était toute sa vie.

Pour conclure:

Un roman émouvant sur la détresse et le difficile combat d'une mère décidée à faire toute la lumière sur la mort subite et inexpliquée de son enfant. Passionnant du début à la fin. Une auteure à découvrir!

Ma note: 18/20.

3 commentaires:

  1. Super chronique ! Tu me donnes vraiment envie de le lire !

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    1. Merci. Si un jour tu le lis j'espère qu'il te plaira autant qu'à moi. :)

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  2. Je l'ajoute à ma WL car c'est un roman qui me tente bien. Ta chronique me donne envie de le découvrir et je n'ai encore jamais lu sur un thème comme celui-ci.

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