jeudi 11 mai 2017

La dame de Kyoto.
Eric Le Nabour.
Editions Charleston.
390 pages.
En librairie depuis le 17 mars 2017.

Résumé:

Kyoto, 1904. Depuis l’assassinat de ses parents, riches industriels de la soie, Myako Matsuka subit la tutelle de son frère Naoki. Lorsque celui-ci part pour le front de la guerre russo-japonaise, elle doit gérer seule l’entreprise familiale. Myako découvre alors avec horreur les conditions de travail des ouvrières et n’hésite pas à transgresser les consignes de son frère, révélant un tempérament fier et indépendant. Mais l’amour trouble qu’elle porte à un diplomate anglais, Allan Pearson, de même que l’intrusion dans sa vie d’un jeune Français passionné d’estampes, Martin Fallières, vont brouiller les cartes. Torturée par le mystère de la mort de ses parents, déchirée entre ses instincts amoureux, ses responsabilités professionnelles et la fi délité qu’elle doit à sa famille, Myako va devoir choisir. Des choix douloureux qui feront éclater une vérité non moins tragique sur son passé et orienteront son avenir dans un sens bien différent de celui qu’elle envisageait.

Mon avis:

Mise à part Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb, je n'ai jamais lu de livres se déroulant au Japon. C'est pourtant un pays que j'aimerais beaucoup découvrir un jour. Je remercie donc les Editions Charleston pour l'envoi de ce titre.

La dame de Kyoto est un roman fort qui nous immerge totalement dans la culture nippone du début du XXème siècle, dans ses traditions si conservatrices qui accordent malheureusement peu de droits aux femmes. Amenées dès leur naissance à vivre sous le joug de leur mari, destinées à n'être que de bonnes épouses et de bonnes mères de famille, c'est donc avec un grand intérêt que je me suis plongée dans l'histoire de Myako Matsuka une jeune femme de 22 ans pas comme les autres. En effet, un matin son frère Naoki sur le point de partir au combat décide de lui confier la petite manufacture de soierie de leurs parents assassinés mystérieusement. A une époque et dans un pays gouverné uniquement par les hommes on comprend tout de suite que la tâche va être ardue, que la jeune femme va devoir sans doute se battre pour se faire entendre et se faire respecter. En tant que femme je me suis bien évidemment attachée à ce personnage qui se retrouve tiraillé entre d'un côté respecter son pays traditionaliste et de l'autre assouvir son désir d'émancipation. 

Plus qu'une affaire d'égalité des sexes c'est également une affaire familiale au passé sombre qui se joue. Au fil des pages on comprend que Naoki ainsi qu'Hiromi leur servante semblent cacher de lourds secrets à la jeune fille et que certains hommes s'intéressent de près à la manufacture. On apprend vite à discerner les hommes à qui Myako peut faire confiance et ceux dont elle a tout à redouter. Pourtant la jeune femme qui derrière son caractère de battante, de femme qui refuse de se laisser soumettre aux conventions, se cache également une jeune femme qui recherche l'amour. Si j'ai aimé ses courageuses prises de position, sa gentillesse, sa générosité et son attention envers les ouvrières de la manufacture, j'ai moins aimé par contre le fait qu'elle soit complètement aveuglée par Allan Pearson un diplomate anglais exécrable dont elle est amoureuse. 

Ainsi, les personnages sont très vivants car ils ont un caractère très fort, et c'est une des forces à mon sens de ce roman. On ressent une certaine tension entre les hommes qui sont soit attirés par l’appât du gain soit très attachés aux valeurs du Japon, et Miako qui elle refuse de se soumettre, qui souhaite avoir plus de droits et vivre dans un pays moins intégriste.  Le seul personnage qui selon moi est un peu à part est Martin, un jeune français de 28 ans qui se cherche encore. Sa passion pour les estampes japonaises le conduit à Kyoto jusqu'à Myako dont c'est la passion. C'est un personnage que j'ai clairement adoré. De nature calme, conciliant et respectueux, il très réceptif au charme de ce pays qui va lui permettre de se ressourcer, et de se trouver. 

Je ne suis jamais allée au Japon , mais en lisant La dame de Kyoto j'avais vraiment l'impression d'y être grâce aux merveilleuses descriptions de l'auteur, que se soit concernant les cerisiers en fleurs, en passant par les jardins zen et les pagodes japonaises, ou encore en découvrant les saveurs culinaires asiatiques, les arts martiaux et décoratifs. J'ai été complètement dépaysée, j'ai appris énormément de choses sur ce pays qui souhaite à la fois se démarquer des autres en conservant ses propres traditions, mais aussi s'ouvrir au monde et se moderniser. La plume d'Eric le Nabour est simple, très fluide, délicate, presque féminine au point que j'avais souvent l'impression que c'était une femme qui écrivait. Pour une première approche j'ai été conquise et je pense donc lire d'autres œuvres de l'auteur.

Pour conclure:
Une histoire familiale très sombre dans le Japon du début du XXème siècle, partagé entre traditions conservatrices et désir de modernité, dans laquelle Myako une jeune nippone de 22 ans doit lutter pour exister. Si j'ai aimé son tempérament féministe, j'ai parfois regretté en revanche sa naïveté. Cependant c'est un excellent roman qui a su complètement me dépayser,  me surprendre et me captiver du début à la fin. 

Ma note: 17/20.

2 commentaires:

  1. Je connaissais Eric Le Nabour en tant qu'historien et j'ai été très surprise de retrouver ce roman dans la ligne éditoriale des éditions Charleston ! ! :) Mais franchement, pourquoi pas ?
    Du coup, connaissant déjà l'auteur et ayant lu l'un de ses romans (qui se passait en France, celui-là ^^ ), j'ai eu très envie de découvrir La Dame de Kyoto, qui a qui plus est, une superbe couverture. Je crois que ta belle chronique, précise et développée, a fini de me convaincre...

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  2. Il est dans ma PAL, je ne pense pas le lire tout de suite, mais ton avis me donne tout de même très envie de m'y plonger.
    La couverture est magnifique !

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