lundi 22 mai 2017

Une amie très chère.
Anton Disclafani.
Editions Denoël.
437 pages.
En librairie depuis le 20 avril 2017.

Résumé:

Texas, années 50. Les frasques innombrables de Joan Fortier, grande, blonde et riche, défraient la chronique. Tous les hommes la désirent et toutes les femmes rêvent de lui ressembler. Mais derrière le vernis du physique parfait et de la vie idéale se cache en réalité une personnalité complexe et tourmentée. La seule personne à avoir compris cela est Cece Buchanan, sa meilleure amie. Dévouée à Joan depuis leur plus tendre enfance, liée à elle par un inavouable secret, Cece lui tient lieu autant de chaperon que de complice, acceptant de couvrir toutes ses excentricités. Au point de mettre en danger son propre mariage.

Mon avis:

J'éprouve toujours une certaine nostalgie des années passées, j'adore me plonger dans l'atmosphère des années 50-60 qui me fascine complètement, et lorsque un roman aborde cette période je ne peux pas ne pas le lire et c'est d'autant plus vrai lorsque celui-ci se déroule aux Etats-Unis. Une amie très chère  m'a donc tout de suite tapé dans l’œil par sa si jolie couverture vintage qui me laissait supposer que ce roman pourrait me plaire. Merci donc aux Editions Denoël pour l'envoi de ce titre. 

Anton Disclafani aborde ici le thème de l'amitié entre deux femmes et je dois avouer que ce genre de relation est très bien analysée de la part de l'autrice. En effet j'ai été fascinée par sa capacité à décrire la complicité que peuvent entretenir deux femmes depuis l'enfance. Je me suis tout de suite beaucoup attachée à elles car on les suit depuis leur plus jeune âge grâce à une alternance constante entre leur passé et le présent de narration. Tout au long du livre on les suit dans leurs expériences de la vie, on assiste à leurs moments de bonheur, leurs premiers émois, mais aussi à leurs coups durs et aux moments moins heureux concernant leur famille respective. J'ai senti tout de suite ce lien si fort qui les unissait, j'ai appris à les connaitre et à les apprécier et ce malgré leur défauts et leurs problèmes. Je ne peux pas dire que j'ai préféré l'une à l'autre car elles sont très différentes, elles ont chacune leur caractère propre, mais ce sont en même temps ces différences qui font leur complémentarité. 

Joan est le personnage énigmatique de l'histoire celle qui semble le plus difficile à cerner. C'est la plus belle fille de la ville, sa beauté et son élégance remarquées depuis le jardin d'enfant suscitent l'admiration et les jalousies. Tout le monde l'envie et souhaite faire partie de son cercle d'amis, mais sous ses airs de fille parfaite et heureuse se cache un personnage plus complexe qui n'aspire pas forcément à n'être qu'une belle plante qui fait chavirer le cœur des hommes. Joan m'a beaucoup touché parce qu'au fil des pages on apprend à déceler sa détresse, son mal être, sa résignation à accepter ce que les autres attendent d'elle. Malgré ses frasques et son comportement vis à vis de Cece sa meilleure amie on ne peut que lui pardonner ses scandales et ses disparitions à répétition, car son comportement auto-destructeur  n'est en réalité qu'un appel à l'aide.

Cece est plus en retrait totalement obnubilée par Joan qu'elle admire au plus haut point. Cece c'est celle qui donne plus qu'elle ne reçoit, au point même de faire passer sa propre famille après son amie. Je n'ai pas très bien compris au départ ses sentiments vis à vis de Joan qui m'ont semblé pour tout vous dire presque malsains. Sa capacité à ne pas pouvoir vivre sans elle, son besoin constant de surveiller ses moindres faits et gestes, et la fierté qu'elle ressent lorsque elle apparaît à ses côtés m'ont semblé complètement ahurissant et presque dégradant pour elle, car en ayant se comportement Cece semble n'avoir aucune personnalité et semble être totalement dépendante de Joan. Cependant dans un sens elle m'a aussi touché du fait des relations compliquées qu'elle entretient avec sa mère dont elle n'est pas très proche. Ce manque d'amour maternel peut sans doute expliquer alors l'amour qu'elle porte à sa meilleure amie.  

On pourrait croire que l’atmosphère qui règne dans ce livre est idyllique. En effet le lecteur se retrouve d'un côté immergé parmi cette jeunesse dorée et insouciante qui partage son temps entre cocktails, bals et fêtes entre amis dans des demeures somptueuses avec piscine et où le champagne coule à flot, soit dans des banlieues huppées quelques années plus tard parmi ces mêmes filles déguisées en parfaites ménagères typiques des années 50, mais c'est sans compter le côté très sombre de l’histoire car ce  qui lie Joan et Cece est bien plus qu'une histoire d'amitié, elle sont liées par un terrible secret qui va rendre Cece encore plus redevable envers sa meilleure amie. A travers son roman Anton Disclafani pose certaines questions qu'il est intéressant de mettre en avant comme: Jusqu'où peut-on aller par amitié? Nos relations familiales ont-t-elles des conséquences sur notre personnalité et sur nos relations amicales par la suite? L'argent fait-il nécessairement le bonheur? Peut-on vraiment être soi lorsque l'on tente de plaire aux autres? 

Pour conclure:
Un roman plus complexe qu'il n'en a l'air dans lequel Anton Disclafani décortique les relations amicales néfastes avec une main de maître et pose la question du paraître. On se laisse envoûter par cette jeunesse dorée insouciance incarnée par la fantastique Joan, mais également par le personnage de Cece l'amie dévouée. Une immersion au cœur de l’Amérique des années 50 tout aussi envoûtante que dégradante. A lire!

Ma note: 17:20. 

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