mardi 13 juin 2017

Cueilleuse de thé.
Jeanne-Marie Sauvage-Avit.
Editions Charleston.
311 pages.
En librairie depuis le 7 avril 2017.

Résumé:

Au Sri Lanka, l'ancien Ceylan, Shemlaheila est cueilleuse de thé dans une plantation. Depuis dix ans déjà, elle ploie sous les lourds sacs de feuilles de thé et sous le joug des contremaîtres, mais, à l'aube de ses vingt ans, la jeune femme a d'autres rêves. Elle est bien décidée à partir, à échapper à la condition de celles qui, dans les théiers et dans les maisons, sont au service des hommes. Elle ne sera pas cueilleuse de thé toute sa vie, comme sa mère, comme toutes ces femmes asservies qui n'ont d'autres horizons que les interminables rangées de théiers… Du Sri Lanka à Londres, à la découverte d'un pays complètement différent du sien, Shemla va découvrir une autre culture, d'autres personnes et surtout d'autres envies. La cueilleuse de thé qu'elle a toujours été choisira-t-elle de revenir au pays, ou de se créer une nouvelle vie ?

Mon avis:

Une des raisons pour laquelle j'aime lire c'est la possibilité qu'offre la lecture de voyager tout en restant chez soi. J'aime lorsque les auteurs réussissent à emporter mon esprit très loin, lorsque en tant que lecteur on est totalement dépaysé. C'est cette raison qui m'a poussé à découvrir ce roman. Merci donc aux Editions Charleston pour l'envoi de ce titre.

C'est un roman fort, qui marque, parce qu'il traite d'un sujet difficile que je n'avais pour ma part jamais rencontré en littérature à savoir le sort des femmes Sri Lankaises cueilleuses de thé. Avant de lire ce livre je ne me doutais pas un seul instant de la vie épouvantable que pouvait avoir ces femmes. En plus d'effectuer un métier pénible et fatigant souvent dans l'humidité et la chaleur étouffante, elles sont soumises quotidiennement à la méchanceté et au sadisme des Kanganis, les chefs chargés de veiller au bon déroulement des travaux. J'ai été plus d'une fois choquée par la cruauté de ces hommes qui considèrent les femmes comme des choses mises à leur disposition, qu'ils utilisent pour leur propre plaisir. Vous l'aurez sans doute compris l'autrice y aborde le sujet du viol, des attouchements, des mariages forcés, de la soumission. Etant une femme on ne peut qu'être révolté par ces comportements inacceptables qui sont ignorés des touristes qui visitent les plantations mais qui sont malheureusement pourtant là-bas très fréquents. 

C'est dans un tel contexte que l'on fait la connaissance de Shemlaheila, une jeune travailleuse pleine d'ambitions qui rêve de quitter cet enfer pour l’Angleterre afin d'y étudier pour pouvoir travailler en tant que vendeuse dans un magasin de thé. J'ai énormément aimé cette héroïne qui est à mon sens un modèle de courage, un exemple à suivre. J'ai admiré tout au long du roman sa force tranquille, son intelligence qui lui permettent de franchir tous les obstacles qui se dressent sur sa route. C'est une femme qui parle peu, qui est très calme, très douce, mais on comprend que ce mutisme cache en réalité une tragédie. On se doute qu'elle a dû subir elle-même un drame terrible qui n'a fait que renforcer sa détermination de quitter ce pays qu'elle aime tant, mais qui ne laisse aucune possibilité d'avenir pour les femmes. J'ai été touchée également par son ignorance, sa naïveté, sa tendance à idéaliser la vie en Europe qui bien évidemment est loin d'être évidente pour les émigrés.

C'est donc également le thème du déracinement et de l'adaptation à un nouveau pays qui est mis en avant ici. Si j'ai été un peu sceptique face à la facilité avec laquelle elle arrive à partir et à venir en Angleterre, mais également sur "la chance" qu'elle a de faire à chaque fois les bonnes rencontres, j'ai beaucoup aimé les passages sur son acclimatation à la vie européenne et les contraintes que cela implique. La barrière de la langue, les différences de climat, de culture, de comportements comme la façon de s'habiller, le regard des autres, les difficultés à trouver du travail, l'exploitation des immigrés, la solitude... Shemlaheila se retrouve complètement perdue dans un monde qui lui est totalement étranger, elle se rend compte que la vie ici n'est pas aussi belle que ce qu'elle s'était imaginée et que certaines choses malheureusement ne changent pas, que ce soit en Inde ou dans les pays se disant progressistes.

Pourtant malgré tout son pays reste dans son cœur et elle ne l'oublie pas totalement. J'ai tellement aimé l'amour qu'elle porte au Sri-Lanka, la générosité dont elle fait preuve à la fin, son désir d'aider ses anciennes collègues restées au pays. Je pense en effet que l’appartenance à une culture reste encrée au plus profond de nous, et qu'il est difficile à mon sens d'oublier totalement ses origines car ce serait renier une partie de nous-même. 

Pour conclure:
Cueilleuse de thé est un roman assez dur sur le sort tragique des travailleuses dans les plantations sri-lankaises, mais c'est également un roman magnifique, très riche sur les ambitions et la soif de liberté de l'une d'entre elle qui va tout faire pour échapper au triste avenir qui l'attend. Si j'ai été un peu sceptique quant à certains événements un peu trop faciles à mon sens j'ai en revanche été très touchée par le courage et la détermination de cette jeune femme qui restera longtemps dans ma mémoire.

Ma note: 17/20.

2 commentaires:

  1. Cela fait un moment qu'il est dans ma PAL, depuis sa sortie en réalité, et j'ai terriblement envie de le lire. Rien que le fait qu'il ait reçu le prix du Livre Romantique me certifie qu'il sera une très belle lecture :)

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  2. Un beau roman que je suis impatiente de lire.

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