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Un été près du lac.

Heather Young.

Editions Belfond.

377 pages.
En librairie depuis le 21 septembre 2017.

Résumé:

1935. Comme tous les ans, Lucy, Lilith et leur petite sœur Emily viennent passer l'été en famille dans leur chalet, sur les bords d'un lac du Minnesota. Mais un matin, Emily est introuvable. Qu'est-il arrivé à l'enfant de six ans ? Nul ne semble le savoir. Et alors que, fou de douleur, leur père se suicidera, Lucy, Lilith et leur mère resteront toute leur vie dans ce chalet, à attendre l'improbable retour de la petite préférée. 1999. Lucy vient de mourir, léguant le chalet et tous ses biens à sa petite nièce Justine. Un héritage qui arrive juste à temps pour la jeune femme qui doit fuir San Francisco et une histoire d'amour abusive, pour mettre à l'abri ses deux filles. Mais le vieux chalet n'a rien d'une chaleureuse villégiature. La maison est isolée, bientôt prisonnière de la neige qui recouvre le Minnesota ; son seul voisin est un vieil homme bourru, probablement fou. Et alors que la jeune femme tente de transformer la lugubre bâtisse en foyer pour elle et ses filles, son aînée développe soudain une étrange obsession pour Emily, leur aïeule disparue. Car la maison n'a pas dévoilé tous ses secrets. Là, dans les affaires laissées par Lucy, se cache un journal. Les Mémoires d'une petite fille naïve qui a laissé se dérouler un drame si terrible que, soixante ans plus tard, sa famille en porte encore la trace...

Mon avis:

Un été près du lac était le roman de la sélection du Cercle Belfond que j'attendais avec le plus d'impatience. Difficile en effet de ne pas être attiré par ce résumé dramatique adouci par cette jolie couverture attendrissante et estivale. Je remercie donc beaucoup la maison d'édition pour m'avoir permis de le découvrir.

C'est un roman qui m'a surpris par sa lenteur, j'avais en effet l'impression que l'intrigue n’avançait pas. Je l'ai lu en une semaine parce qu'il m'était difficile de lire plus d'une cinquantaine de pages par jour. Cette petite déception vient sans doute du fait que je me suis trop focalisée sur le côté suspens du roman, à savoir la disparition de cette petite fille Emily dans les années 1930. Je m'attendais sans doute à un rythme assez soutenu, croissant comme l'on en trouve dans les thrillers et c'est là je pense où a été mon erreur. S'agissant d'un contemporain il paraissait évidant que l'auteure allait sans nul doute s'attarder davantage sur le caractère des personnages et leur histoire. Et effectivement tout au long du roman Heather Young va alterner passé et présent, et nous faire découvrir sur quatre générations cette famille idéale qui semble heureuse en apparence mais qui cache en réalité des secrets inavouables.

J'ai beaucoup plus aimé les chapitres concernant le passé qui nous est dévoilé grâce au journal qu'a écrit Lucy avant de mourir et dans lequel elle nous raconte son enfance au bord du lac dans la petite maison de vacances où sa famille avait l'habitude de passer ses étés. On découvre alors une petite fille de 11 ans qui a dû mal à trouver sa place entre une grande sœur Lilith en pleine crise d'adolescence qui commence à s'émanciper et sa cadette Emily, la petit préférée, couvée par leur mère, qui se sent elle délaissée par ses sœurs. Malgré tout l'amour que se porte les membres de cette famille très croyante, j'ai ressenti tout de suite un certain malaise, une sensation d'oppression, le sentiment que quelque chose de sombre était tapi là mais sans savoir réellement quoi. Cette impression n'a fait que grandir en constatant le comportement étrangement aguicheur de Lilith auprès des garçons du village, son envie de s'enfuir également avec Lucy le plus rapidement possible, l'attention excessive et le côté un peu trop protecteur du père de famille, l'effacement d'Eleanore la mère qui semble vouloir à tout prix protéger sa petite dernière, ainsi que les fugues d'Emily qui semblent assez fréquentes.

Le roman comporte des scènes assez dures je trouve pas dans le sens physique mais plutôt psychologique. J'ai été très touchée par le personnage d'Emily qui est constamment violemment rejeté par ses deux sœurs aînées. Sa solitude m'a énormément émue car je pense que la grande différence d'âge avec elles contribue en partie à la mettre à part et n'aide pas à créer une réelle complicité entre elles trois, d'autant plus que le lien qui unit Lilith et Lucy a toujours été très solide, même si celui-ci commence à s'effriter. J'ai été d'ailleurs moins touchée par leur relation peut-être justement parce qu'elles commencent à s'éloigner l'une de l'autre et qu'elles ne se comprennent plus vraiment parce qu'un secret terrible se trouve entre elles deux que Lucy va subitement apprendre à ses dépens. Je n'aimais pas tellement Lilith au départ du fait de ses airs parfois hautain et fier, mais en terminant le livre j'ai pris conscience du mal-être qui la ronge en réalité au fond d'elle et toute la douleur qu'elle renferme du fait de ce qu'elle a subi. Je ne peux évidemment rien vous dévoiler, mais j'ai eu à la fin un regard très différent de l'idée que je m'étais faite d'elle au départ. C'est un personnage moins froid et égoïste que ce l'on peut penser de prime abord.

J'ai été moins sensible aux passages du présent concernant Justine, la petite fille de Lilith parce que je n'ai tout simplement pas apprécié cette femme. Complètement paumée, sa décision de partir sur un coup de tête en déracinant ses filles m'a semblé insensée car on ne sait pas trop finalement au début pourquoi elle part et ce qu'elle fuit. Tout semble souvent confus dans son esprit, elle remet constamment en doute ses décisions, regrette ses choix, elle semble très nonchalante, très influençable, très faible et c'est ce comportement qui m'a agacé. Cependant au fil des pages, des souvenirs des années passées avec ses filles, de son enfance et du passé de ses aïeuls on commence peu à peu à cerner le personnage. Je me suis aperçue qu'elle avait hérité en fait du tempérament d'Eleanore, ce côté très passif, malléable, alors que sa mère Maurie semble plus forte, plus rebelle comme Lilith l'était avant elle. Ce sont vraiment à mon sens les similitudes dans leur comportement et dans leur caractère qui fait le lien entre passé et présent puisque la disparition d'Emily est finalement peu évoquée par Justine et ses filles.

Ce sont en définitive les femmes qui sont au centre de ce récit mais ce sont bien les hommes le cœur du problème, Chaque femmes de cette famille va connaitre un rapport avec le sexe opposé assez complexe, comme si le destin se répétait inlassablement de génération en génération. Le manque de confiance vis à vis des hommes va s'instaurer au fil des années, se répercuter, pour être au final légué comme un héritage. Une crainte compréhensible à la vue des thèmes révoltants qui nous sont dévoilés et du drame terrible qui a fini par se jouer.

Pour conclure:
Un roman sombre et parfois dérangeant, d’ôté d'une ambiance lourde et parfois malsaine. Une intrigue qui prend son temps pour nous dévoiler les secrets d'une famille à l'apparence ordinaire mais qui cache en réalité un lourd secret, où les femmes sont sans doute victimes de leurs conditions mais qui recherchent malgré tout avec plus ou moins de force et d'aplomb la liberté.

Ma note: 16/20.