La maladroite.
Alexandre Seurat.
Editions Babel.
110 pages.
Résumé:
Tout commence par un avis de recherche, diffusé à la suite de la disparition d'une enfant de 8 ans. La photo est un choc pour une institutrice qui a bien connu cette gamine. Pour elle, pas de doute : cette Diana n'a pas été enlevée, elle est déjà morte, et ses parents sont coupables. Remontant le temps, le roman égrène les témoignages de ceux l'ayant côtoyée, enseignants, grand-mère et tante, médecins, assistants sociaux, gendarmes... Témoins impuissants de la descente aux enfers d'une enfant martyrisée par ses parents qui, malgré les incitations à parler de plusieurs adultes, refusera de les dénoncer. Ce roman est inspiré par un fait divers récent largement médiatisé car, en dépit de plusieurs signalements, l'enfant n'avait jamais bénéficié de protection. Loin de tout sensationnalisme, l'auteur rend sa dimension tragique à ce drame de la maltraitance.
Mon avis:
Il y a des lectures qui me semblent indispensables, des récits qui s'inspirent de faits réels, d'actualité, bien plus fréquents malheureusement que l'on pourrait l'imaginer. La maladroite fait partie de cela, je n'ai donc pas tardé à me le procurer dès sa sortie en poche.
L'histoire c'est celle de Diana, petite fille de 6 ans qui semble être en apparence une petite fille comme toutes les autres. Seulement voilà certaines incohérences dans son comportement et des blessures physiques qui reviennent assez régulièrement commencent à alarmer son entourage. C'est ainsi le témoignage de plusieurs personnes qui la côtoient au quotidien que nous suivons tour à tour, sa tante, sa grand-mère, son institutrice, la directrice de l'école... Une narration hachurée et saccadée qui peut déstabiliser, mais qui reflète à mon sens parfaitement les souvenirs presque impossibles à croire et l’impuissance de toutes ces personnes qui n'ont été que spectateurs d'un drame. C'est le premier roman sur les maltraitances infantiles que je lis et je ressors de ma lecture bouleversée évidemment, mais surtout abasourdie et en colère.
Abasourdie parce qu'il est impossible de comprendre comment des parents peuvent infliger cela à leur enfant. Au regard du récit qui je pense s'inspire énormément d’histoires vraies similaires, je pense que le contexte familiale dans lequel ont grandit ces parents bourreaux joue sans doute beaucoup. Bien souvent les personnes ayant eu une enfance difficile répercutent plus tard leur douleur de quelque manière que se soit, et parfois sur leurs enfants. Quoi qu'il en soit, troubles psychologiques, méchanceté gratuite, rien ne justifie de tels actes abominables. C'est un récit très dur qu'Alexandre Seurat nous livre ici, un texte révoltant qui m'a souvent exaspéré par le manque de réaction des autorités compétentes.
Je suis parfois estomaquée de la lenteur du système judiciaire français, du fait qu'il faut toujours attendre que quelque chose de grave se produise, qu'il soit trop tard pour enfin faire bouger les choses. Le cas de la petite Diana m'a rappelé le cas de la petite Fiona courant 2013 morte sous les coups de ses parents. Là encore rien a été fait à temps pour empêcher ce terrible drame. Lorsque l'on voit que bon nombre de preuves sont sous nos yeux, qu'il paraît invraisemblable qu'une petite fille de 6 ans soit si souvent maladroite, se blesse constamment et paraisse renfermée, comment expliquer que ces preuves là soient insuffisantes pour placer la petite en lieu sûr ou du moins placer sous surveillance les parents ?
Pourtant dans un sens je comprends. Je comprends que ce genre de problème ne soit pas évidant à traiter, que l'on se sente impuissant, que sans preuves concrètes on ne puisse rien faire et que l'on doute même que ce que l'on suspecte soit vrai, que l'on a peur d'aggraver le cas de la victime en faisant fuir la famille comme cela a été le cas de nombreuses fois pour Diana. En 110 pages Alexandre Seurat réussi à aborder le sujet de la maltraitance avec beaucoup de justesse, à nous montrer l'impuissance des personnes concernées qui ne savent pas comment réagir face au drame qui se déroule sous leurs yeux, et face au silence de ces victimes qui n'osent bien souvent pas s'exprimer.
Pour conclure:
Un roman inspiré malheureusement de faits réels qui dénonce avec beaucoup de sensibilité et de justesse la maltraitance infantile. Un récit dur et poignant qui révolte mais qui nous fait prendre conscience aussi que beaucoup de chemin reste à parcourir face à la complexité d'un tel problème familial. A lire.
Ma note: 18/20.
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