jeudi 8 mars 2018

La petite fille de la rue Maple.
Elaine Hussey.
Editions Mosaïc.
343 pages.

Résumé:

Shakerag, quartier noir de Tupelo, Mississippi. Eté 1955 C'est sur un air de blues joué à l'harmonica que Billie, dix ans, apprend que sa mère va mourir. Face à l’inacceptable, elle décide alors de braver son entourage et de retrouver son père, un musicien de blues autrefois renommé, mais qui vient de passer plusieurs années en prison, un homme dont ni sa mère ni sa grand-mère ne lui parlent jamais. Pour Billie, c'est la seule façon de défier le sort, et de trouver un nouveau point d'encrage dans un monde qu'elle voit encore comme une enfant, mais que l'adolescente qui se pointe en elle pressent plein de mystères et de dangers. Sans savoir qu'en se lançant dans cette quête, elle va faire voler en éclats des secrets enfouis depuis bien longtemps, et révéler une vérité bouleversante sur ses origines.

Mon avis:

J'avais découvert la plume de Elaine Hussey avec Sweet Mama's Cafe qui avait été un vrai coup de coeur. J'avais donc forcément envie de lire son second roman La petite fille de la rue Maple. Et je peux vous dire qu'il est aussi bon que le précédent.

Quel bonheur de se replonger dans un roman de l'auteure, j'ai exactement retrouvé l'ambiance que j'aime tant dans ce genre de livre celui de l'époque de la ségrégation dans le sud des Etats-Unis dans les années 50-60 comme cela avait été le cas dans La couleur des sentiments de Kathryn Stockett, ou bien encore dans Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg. Si vous avez aimé ces livres vous aimerez forcément La petite fille de la rue Maple. C'est un roman qui traite du racisme proféré par les blancs envers les noirs à cette époque, mais surtout c'est un roman qui parle d'amour si puissant qu'il dépasse les barrières raciales, dans lequel les personnages sont si chaleureux, si charismatiques, et si attachants qu'ils vous marqueront longtemps.

C'est avec un réel bonheur que j'ai suivi les aventures de Betty Jewel, Billie, Queen et Cassie dans la petite ville de Tupelo qui comme toutes les petites villes sudistes américaines voit les habitants se diviser de plus en plus fortement à cause de leur couleur de peau. C'est dans le quartier noir de Shakerag que la petite Billie vit avec sa grand-mère Queen et sa maman Betty Jewel qui est atteinte d'un cancer en phase terminal. Ayant peur de laisser sa fille toute seule à sa mort elle va donc décider de passer une petite annonce dans le journal local pour lui trouver une maman de remplacement. Cassie jeune journaliste au Bugle qui peine à se remettre de la mort de son mari avec qui elle n'a jamais pu avoir d'enfants, se prend d'affection pour l'histoire de cette femme et va peu à peu créer des liens avec elle malgré le qu'en-dira-t-on et la dangerosité de cette amitié naissante à une époque où une amitié entre une personne blanche et une personne noire était très mal vue.

L'intrigue peut paraître larmoyante mais en réalité pas du tout en raison du charisme des personnages qui sont loin de se comporter conventionnellement. J'ai adoré tous les protagonistes de ce roman qui met en avant les femmes et la force qu'elles ont en elles pour faire face à des situations parfois dramatiques. La narration est assez particulière puisque l'on se trouve soit dans la tête de Betty Jewel, soit dans celle de Billie ou de Cassie. Betty Jewel est une femme que j'ai beaucoup admiré pour son courage, pour sa capacité à rire de tout, de sa maladie comme du racisme qui fait rage autour d'elle. C'est une femme incroyablement forte qui constamment se surpasse et n'accepte pas que le cancer l'empêche de vivre pleinement les derniers jours de sa vie. L'amour qu'elle porte à Billie est très touchant, on voit que c’est une femme qui  a dû faire preuve de courage pour l'élever seule avec très peu de moyens mais qui a de l'amour à revendre. J'ai tout autant aimé la grand-mère Queen qui est une mama bonne vivante qui m'a beaucoup fait penser à Minnie dans La couleur des sentiments car elle n'hésite pas à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, mais également Sudie et Merry Lynn, les deux meilleures amies de Betty Jewel qui mettent tout en oeuvre pour faire oublier à la jeune femme sa maladie, alors même qu'elles ont leurs propres problèmes personnels à gérer. 

Mais le personnage que j'ai sans doute le plus aimé c'est Cassie que l'on pourrait comparer sans difficulté à Skitter toujours dans La couleur des sentiments qui est une jeune femme qui a des idées très progressistes, qui s'indigne face aux peu de droits accordés aux femmes dans le monde professionnel, mais qui s'indigne surtout du racisme qui prend de plus en plus d'ampleur dans toute le pays. N'ayant pas non plus sa langue dans sa poche, elle se confronte à certains habitants très conservateurs qui profèrent la haine de l'autre, et n'hésite pas à prendre des risques en s'affichant au côté de la population noire notamment avec Betty Jewel et sa famille. J'ai été émerveillée par tant de courage et de gentillesse, par ses convictions, par sa générosité, par sa douceur et sa prévoyance envers Betty Jewel et par son côté protecteur envers Billie qui est une petite fille très espiègle, très intelligente pour son âge, très maligne, et surtout très débrouillarde. J'ai été attendrie par son désir de connaitre son papa qu'elle a toujours idéalisé et par la colère qu'elle éprouve parce qu'elle sent bien que sa maman lui cache quelque chose.

C'est un excellent roman que je vous conseille de tout coeur, qui est drôle mais également très touchant, qui aborde des thèmes comme la quête d'identité, le deuil d'un mari et d'un enfant, le pardon, la maladie, et qui pose également de nombreuses questions comme comment préparer son départ dans un monde si cruel. C'est un roman avant tout sur l'amour et l'entre-aide que l'on peut trouver à un moment où l'on s'y attend le moins et surtout de la part d'une personne chez qui on aurait jamais soupçonné tant de bonté. Tout cela dans une ambiance fin des années cinquante dans la chaleur étouffante d'une petite ville du sud des Etats-Unis avec ses bonnes odeurs de barbecue et où résonne toujours des airs de jazz. Une ambiance assez mystérieuse également par moment du fait d'un crime particulier qui a ému tous les habitants de Shakerag quelques années plus-tôt, et dont l'ombre semble encore planer sur la ville. J'ai refermé ce livre le sourire aux lèvres malgré la tristesse de l'intrigue,car c'est l'espoir qui ressort de ces pages, l'espoir de toujours pouvoir compter sur quelqu'un, de toujours avoir les siens qui veillent sur nous même si ils ne sont plus là, et surtout l'importance de continuer à vivre malgré tout en gardant en nous le souvenirs des êtres que l'on a aimé.

Conclusion:
Un roman incroyablement beau, touchant et drôle malgré la sévérité des thèmes abordés comme la maladie, le deuil ou encore le racisme, avec des personnages inoubliables et une ambiance du Sud des Etats-Unis  dans les années cinquante qui nous rappelle La couleur des sentiments de Kathryn Stockett ou encore Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg. Je suis triste d'avoir quittée Betty Jewel, Queen, Billie et Cassie mais avec la conviction profonde que je les garderai dans ma mémoire pendant longtemps. 

Ma note: 20/20. Un coup de coeur!

1 commentaire:

  1. Je n'ai jamais lu Elaine Hussey mais je ne doute pas de la qualité de ces romans, j'espère les sortir de ma bibliothèque cette année !

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