jeudi 8 février 2018

La servante écarlate.
Margaret Atwood.
Editions Robert Laffont Poche.
485 pages.

Résumé:

Dans un futur peut-être proche, dans des lieux qui semblent familiers, l'Ordre a été restauré. L'Etat, avec le soutien de sa milice d'Anges noirs, applique à la lettre les préceptes d'un Evangile revisité. Dans cette société régie par l'oppression, sous couvert de protéger les femmes, la maternité est réservée à la caste des Servantes, tout de rouge vêtues. L'une d'elle raconte son quotidien de douleur, d'angoisse et de soumission. Son seul refuge, ce sont les souvenirs d'une vie révolue, d'un temps où elle était libre, où elle avait encore un nom. Une œuvre d'une grande force, qui se fait tour à tour pamphlet contre les fanatismes, apologie des droits de la femme et éloge du bonheur présent.

Mon avis:

La servante écarlate est un de ces classiques de la littérature anglaise très connu que j'ai toujours eu envie de lire. J'ai donc profité de sa réédition chez Robert Laffont Poche pour me le procurer. Mon avis en refermant ce livre est en réalité très mitigé. Si j'ai énormément aimé l'intrigue qui est réellement très intéressante et très bien pensée par l'auteure, beaucoup d'aspects du roman cependant m'ont en revanche déçu.

Margaret Atwood nous livre un récit incroyablement révolutionnaire, visionnaire et futuriste pour l'époque, la plaçant ainsi comme  l'une des premières inventrice de la dystopie. En raison de problèmes écologiques comme la pollution, économiques comme la chute dramatique de la natalité, ou encore religieux avec la montée du terrorisme, le monde tel que nous le connaissions n'existe plus. Les Hommes à cause de leur soif de pouvoir, de grandeur et d'argent, ont créé un monde cauchemardesque dans lequel les femmes fertiles sont kidnappées et mises au service du gouvernement religieux afin de repeupler la planète qui est en voie d’extinction. Un monde totalitaire où les femmes sont les victimes sexuelles d'un pouvoir abusif  sous prétexte de protéger le peuple, un monde où règne la peur et l'obscurantisme dans lequel des purges sont organisées pendant lesquelles les opposants au régime mis en place sont mutilés ou tués.

C'est un récit complémentent déstabilisant et qui fait peur car à travers l'histoire de ces servantes écarlates, c'est le monde dans lequel nous vivons actuellement qui est remis en question. On se rend compte que tout peut basculer à tout moment, que certains problèmes rencontrés dans ce monde pourraient être également les nôtres dans quelques années. C'est la lâcheté du gouvernement qui est également mise en avant, un gouvernement qui refuse de porter les responsabilités d'un tel chaos, et qui aujourd'hui est transformé en bourreau. J'ai donc trouvé l'univers créé complètement fou et ainsi complètement passionnant du fait de la crédibilité de certains faits. 

Cependant malgré l'originalité et la profondeur du récit je me suis parfois beaucoup ennuyée, car l'héroïne qui se nomme Defred reste dans la contemplation et la méditation. Il y a très peu d'actions finalement car son arrivée dans la clandestinité qui nous est annoncée dans le résumé n'intervient que dans les dernières pages du roman. Nous allons être tout au long du récit dans son esprit, dans les souvenirs qu'elle conserve encore de sa vie d'avant avec son mari Luke et sa fille, on va comprendre aussi petit à petit ce qu'il s'est passé et pourquoi le monde est devenu tel qu'il est actuellement. Malgré tout j'ai refermé le livre avec énormément de questions, notamment en ce qui concerne sa famille dont nous ne connaissons pas le sort, mais aussi en ce qui concerne la fin qui est une fin ouverte et qui ne nous permet donc pas de comprendre ce qu'il advient de Defred. 

Je me suis malgré tout beaucoup attachée à cette jeune femme qui a tout perdu du jour au lendemain, sa famille, son identité et sa dignité. En tant que servante du peuple elle n'est plus rien, son corps ne lui appartient plus  et pourtant elle nous parle de sa nouvelle vie avec beaucoup d'ironie. Elle est très touchante dans sa manière de voir les choses et de supporter ce quotidien difficile et glacial fait de privations et de soumissions en se raccrochant aux souvenirs de sa vie d'avant et à l'écriture qui lui apporte un réconfort et un échappatoire certain. A travers ses yeux nous assistons aux "copulations" qu'elle subit dans le but d'arriver à procréer et aux cérémonies d'accouchement qui sont ici décrites comme des traditions dans lesquelles les femmes ne sont plus que des objets que l'on manipule et que l'on exhibe pour le bien de la société. 

Le roman est en réalité emprunt de pensées féministes qui dénoncent de façon indirecte et silencieuse l'interdiction pour une femme de disposer de son propre corps, d'avoir un rapport sexuel uniquement pour le plaisir, ou encore d'avorter librement. Je ne peux donc que vous conseiller de le découvrir pour l'univers dystopique, pour le rôle de la femme qui y est décrit, mais aussi pour la peur qui est insufflée, celle d'être à un moment donné victime d'un pouvoir abusif.

Pour conclure:

Un récit cauchemardesque et un brin féministe, incroyablement révolutionnaire pour l'époque que j'ai apprécié pour tous les sous-entendus et pour les réflexions qu'il apporte sur notre propre société. L'ambiance est saisissante car pleine de tension, dérangeante et glaciale, mais malheureusement l'auteure reste trop à mon sens dans la contemplation. Le récit manque ainsi cruellement d'actions, et la fin ouverte ne m'a pas semblé très claire. 

Ma note: 15/20.

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