dimanche 30 juillet 2017

Filles du désert.
Chris Bohjalian.
Editions Charleston.
405 pages.
En librairie depuis le 15 mai 2017.

Résumé:

Alep (Syrie) 1915. 
Une jeune Bostonienne rencontre Armen, rescapé du génocide arménien. New York, 2012, Laura Prelosian entreprend un voyage à travers son histoire familiale et découvre un grand amour, le chagrin et un terrible secret enfoui depuis des générations.

Mon avis:

On parle très souvent du génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale mais très peu de celui des arméniens qui s'est déroulé entre 1894 et 1922 alors qu'il a fait pourtant des millions de morts. Lorsque j'ai vu que ce roman traitait de ce massacre j'ai bien évidemment eu envie de le lire ne serait-ce que pour en apprendre plus sur ce drame terrible malheureusement encore trop peu connu aujourd'hui. Je remercie donc les Editions Charleston pour l'envoi de ce titre.

C'est un roman je pense que je ne vais pas oublier de sitôt sans doute parce que l'auteur pour créer son histoire c'est basé sur des faits réels, des faits abominables qui se sont déroulés en Turquie à partir de la fin du XIX ème siècle. Le roman mêle deux époques différentes. D'un côté nous suivons en 1915 l'histoire d'Elisabeth jeune Bostonienne venue aider les victimes du génocide et de l'autre Laura de nos jours qui décide de faire des recherches sur ses ancêtres arméniens et qui nous raconte leur histoire. On comprend petit à petit le lien qui unit les différents personnages à travers les époques, mais je dois dire que j'ai eu des difficultés au début à me situer dans le temps et parmi les personnages. J'étais souvent perdue parce que je ne savais pas qui parlait et en quelle année on était. Je trouve que le choix de la narration n'aide pas à la compréhension du récit, mais c'est le seul point négatif que je reprocherais à ce livre car il est tout simplement magnifique. Je suis ravie qu'à travers le destin d'Armen, d'Elisabeth, de Nevart et d'Hatoun  j'ai pu en apprendre plus sur ce pan tragique de l'Histoire. A la fin de ma lecture que j'ai refermé les larmes aux yeux je me demande encore pourquoi on en entend si peu parler. Je ne me rappelle pas avoir étudié ce drame terrible à l'école et j'en suis la première étonnée, voir consternée. C'est en lisant ce genre de roman que je me dis que c'est pour cela que j'aime tant la littérature, parce qu'elle permet de nous informer au même titre que les journalistes sur des événements marquants de l'Histoire, de nous ouvrir les yeux sur ce qu'ont vécu un jour il n'y a pas si longtemps de pauvres gens du seul fait qu'ils n'avaient pas la bonne religion, la bonne couleur de peau, ou parce que tout simplement  ils ne faisaient pas partie du bon peuple.

Il émane des personnages de ce roman une émotion si forte que cela en est bouleversant. J'ai tellement aimé Elisabeth qui bien qu'elle jouisse d'un très bon train de vie à Boston a fait pourtant le choix de partir avec son père en Turquie en guerre,  en plein coeur du génocide arménien. Je l'ai trouvé très humble, très courageuse, très forte et surtout très humaine. Elle ne fait pas de distinction entre riches et pauvres, arméniens, turques et américains. Pour elle il s'agit avant tout d'individus, d'humains à qui on ne devrait pas infliger de telles souffrances et que l'on devrait traiter de la même façon. J'ai aimé sa sensibilité, sa bonté qui la pousse peu à peu à s'attacher à deux arméniennes,  Nevart une jeune femme et Hatoun une petite fille traumatisée et devenue muette qu'elle prend sous son aile malgré le danger d'une telle interdiction. J'ai été émue par le sort de ces gens qui ont tout perdu, qui ont été arrachés à leur foyer mais aussi à leur famille, qui ont vu certains proches se faire violer ou mourir sous leur yeux comme Nevart, Hatoun et Armen dont Elisabeth va peu à peu tomber amoureuse. Armen est un homme brisé car il a été séparé de sa femme Karine et de leur petite fille d'un an, qu'il suppose décédées toutes les deux. Son courage est tout simplement admirable parce que malgré la douleur il décide de ne pas rester les bras croisés, mais au contraire de se battre pour venger sa famille et pour sauver son peuple. Nous le suivons ainsi pendant de nombreuses pages à travers le dangereux périple qu'il entreprend seul pour rejoindre le front, puis dans les tranchées au côté des alliés. 

Ainsi de nombreux passages sont très difficiles, je ne conseillerais donc pas ce roman aux âmes sensibles. Chris Bohjalian ne nous épargne rien ce qui donne à mon sens encore plus de poids au récit qui passerait presque pour un témoignage de toutes les horreurs qui ont été perpétuées à cette époque dans ce pays. J'ai été révulsée de voir la barbarie prendre autant d’ampleur et sous tant de formes différentes. Pourtant ayant l'habitude de lire énormément sur le sort des juifs dans les années 1940, certains mots étaient tout simplement insoutenables. Lorsque l'on lit que des millions de femmes et d'enfants étaient conduits en plein désert sous une chaleur accablante sans eau, ni nourriture dans le seul but de les faire mourir de faim ou de déshydratation cela parait à peine imaginable. On reste sans voix face aux tortures, viols, décapitations, et humiliations faites à tous ces malheureux sans raison, mais aussi en voyant que certains habitants d'Alep restent les bras ballants, qu'ils choisissent de fermer les yeux, ou que d'autres photographient sans  honte comme des bêtes de foires qu'il faut exhiber les victimes terrorisées, affaiblies et affamées. C'est une oeuvre que chacun devrait lire, un ouvrage à mon sens important et qui sans tabous lève le voile sur les atrocités d'une telle tragédie. 

Pour conclure:
Un roman dur mais à mon sens indispensable, qui m' a appris énormément sur le génocide arménien et que je recommande bien évidemment à tous.

Ma note: 20/20. Un coup de coeur! 

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