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Beignets de tomates vertes.

Fannie Flagg.

Editions J'ai Lu.

466 pages.

Résumé:

"Un sacrée numéro, Idgie ! La première fois qu'elle a vu Ruth, elle a piqué un fard et elle a filé à l'étage pour se laver et se mettre de la gomina. Par la suite, elles ont ouvert le café et ne se sont plus jamais quittées. Ah ! Les beignets de tomates vertes du Whistle Stop Café ... J'en salive encore !" Un demi-siècle plus tard, Ninny, quatre-vingt-six ans, raconte à son amie Evelyn l'histoire du Whistle Stop, en Alabama. Il s'en ai passé des choses, dans cette petite bourgade plantée au nord de la voie ferrée ! Et Evelyn, quarante-huit ans, mari indifférent, vie sans relief, écoute, fascinée. Découvre un autre monde. Apprend à s'affirmer, grâce à Ninny, l'adorable vieille dame. Chronique du Sud profond de 1929 à 1988, ce roman tendre et généreux vous fera rire aux éclats et, au détour d'une page, essuyer une larme. Humour et nostalgie : une recette au parfum subtil ...

Mon avis:

J'avais découvert Fannie Flagg avec son dernier roman Nous irons tous au paradis que j'avais beaucoup aimé. J'avais donc hâte de retrouver la plume si caractéristique de l'auteure et ces personnages si attachants. C'est finalement vers Beignets de tomates vertes que je me suis tournée, un livre très populaire qui pour ma part attendait depuis deux ans dans ma bibliothèque. Une lecture estivale que j'ai savouré pendant ce long weekend de l'assomption, et qui m'a donné envie de partir au fin fond de l'Alabama à Whistle Stop pour déguster ces succulents beignets.

Pour avoir lu de nombreuses chroniques concernant ce livre je m'étais plus ou moins préparée à trouver une intrigue simple mais avec un schéma narratif assez complexe doté de très nombreux retours en arrière et de très nombreux personnages. Et en effet j'ai eu des difficultés au début à suivre le déroulement du récit et à ne pas me perdre parmi les différentes périodes et les nombreuses péripéties que vivaient tous ces personnages, puisque c'est tout un petit village des années 20 jusqu'à la fin des années 60 que nous allons suivre. 

Je me suis longtemps demandée pourquoi l'auteure avait fait ce choix de narration alors que dérouler chronologiquement le fil du récit aurait été plus facile à la compréhension pour le lecteur. Mais à bien y réfléchir je ne le regrette pas car il a permis selon moi de vraiment m'imprégner des personnages, de ressentir cette nostalgie en pensant qu'ils n'existent plus, mise à part dans les souvenir de Ninny qui raconte à Evelyn leur histoire, mais surtout cela a permis de dynamiser le récit en y ajoutant parfois une touche de mystère concernant certains événements qui se sont déroulés dans le plus grand secret des années plus tôt à Whistle Stop. Il fallait alors attendre le retour d'Evelyn le dimanche suivant à la maison de repos pour en savoir le dénouement. 

Finalement plus j’avançais dans l'histoire et plus je me familiarisais avec les personnages, plus j'arrivais à les relier les uns aux autres et à me retrouver dans les époques. J'ai tellement aimé cet univers, ce petit village paisible au bord de la voie ferrée habité par toutes ces personnes si riches au grand cœur, qui formaient tous comme une grande famille. Je me suis facilement imaginée le café d'Idgie, l'épicerie d'Ocie, le salon de coiffure d'Opal, la maison des Threadgoode, le bureau de poste où Dot Weems tenait sa gazette, ou encore le fameux club des cornichons. On a vraiment l'impression tout comme Evelyn de vivre parmi ces personnages et de se rappeler en même temps que Ninny des souvenirs de gens que l'on a connu, d’événements qui ont marqué notre vie et en cela le roman est très émouvant. 

Evelyn est un personnage du présent qui n'a aucun lien de parenté avec Ninny puisqu'elles se rencontrent par hasard dans la maison de repos où réside maintenant la vieille dame. J'ai été touchée par ce personnage parce qu'en pleine ménopause, la pauvre femme ne sait plus où elle en est. Ses enfants ayant quittés la maison, à l'aube de la cinquantaine elle se sent vieillir et n'est pas très bien dans sa peau. Elle a le sentiment de ne plus savoir où est sa place, à quoi elle sert aujourd'hui et remet en question toute sa vie. C'est grâce à Ninny qui va lui raconter toutes les épreuves auxquelles ont dû faire face les habitants de Whistle Stop à une époque où sévissait la guerre et le racisme envers les noirs, qu'Evelyn va entièrement revoir sa façon de penser et de nouveau sourire à la vie.

Et il est vrai que certains habitants vont devoir surmonter de dur épreuves comme le départ de proches à la guerre, les membres du Klux Klux Klan,  les préjugés sur les relations nouées que se soit entre les noirs et les blancs ou entre femmes, sans compter le handicap, les violences conjugales et le progrès qui peu à peu entraîne le petit village à sa perte. C'est l'Amérique profonde la vraie, celle du XXeme siècle qui a subit tant de bouleversements et de changements majeurs qui nous est racontée à travers ces personnages emblématiques si attachants. J'ai regretté cependant qu'Evelyn  ne soit pas plus présente dans les moments du passé, car on apprend finalement à la connaitre qu'à travers son récit qu'elle effectue des dizaines d'années plus-tard.  J'aurais aimé avoir également des anecdotes sur elle, car on oublie parfois qu'elle aussi était présente dans chaque moments de l'histoire qu'elle nous raconte. 

"Quand je regarde en arrière, j'ai l'impression qu'après que le café a fermé le cœur de la ville a arrêté de battre. Le Whistle Stop café était le foyer de tous ceux qui n'en avaient pas, c'était là qu'on se retrouvait tous, c'était là qu'était la vie. "

Pour conclure:

Une histoire à la fois drôle et touchante racontée par une vieille dame qui de nos jours au fil de ses souvenirs va vous plonger en plein cœur de l'Alabama des années 1920 aux années 1960 dans un petit village du nom de Whistle Stop. Bien plus qu'un récit de vie, c'est une famille et des amis que l'on rencontre et que l'on est pas prêt d'oublier. 

Ma note: 18/20.