mardi 30 janvier 2018

Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux.
Martha Hall Kelly.
Editions Charleston.
549 pages.
En librairie depuis le 9 janvier 2018.

Résumé:

À New York, Caroline Ferriday travaille au consulat français. Mais lorsque les armées hitlériennes envahissent la Pologne en septembre 1939, c'est tout son quotidien qui va être bouleversé. De l'autre côté de l'océan, Kasia Kuzmerick, une adolescente polonaise, laisse de côté son enfance pour travailler dans la résistance et faire passer des messages. Mais la moindre erreur peut être fatale. Pour l'ambitieuse Herta Oberheuser, médecin allemand, la proposition que lui fait le gouvernement SS va lui permettre d'enfin montrer toutes ses cap1939acités. Mais une fois embauchée, elle va se retrouver sous la domination des hommes...
La vie de ses trois femmes va se retrouver liiée à jamais lorsque Kasia est envoyée à Ravensbrück, le tristement célèbre camp de concentration pour femmes. À travers les continents, de New York à Paris, de l'Allemagne à la Pologne, Caroline et Kasia vont tout tenter pour que l'Histoire n'oublie jamais les atrocités commises.

Mon avis:  

A l'école j'ai toujours apprécié l'Histoire, je suis en effet fascinée par le passé, par tout ce qui a existé avant nous, je suis toujours avide d'assimiler de nouvelles connaissances car j'estime qu'une des pires choses chez l'être humain c'est l'ignorance. Je suis particulièrement touchée par tout ce qui touche de près ou de loin à la seconde guerre mondiale, c'est pourquoi Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux était une lecture évidente. Je remercie donc les Editions Charleston pour l'envoi de ce titre.

Je ressort toujours bouleversée après un témoignage ou un roman qui traite de cette période de l'Histoire et d'autant plus lorsque les camps de concentration sont évoqués. Après voir lu tant de livres et de récits d'anciens déportés on croit tout savoir sur ce sujet, on croit qu'on ne pourra pas être davantage choqué et écœuré, et pourtant celui-ci m'a bouleversé comme jamais. Martha Hall Kelly  a choisi ici de faire revivre trois femmes qui ont joué un rôle très importants pendant la seconde guerre mondiale. Deux d'entre elles ont vraiment existé, la dernière ainsi que sa sœur ont été amplement inspirées de deux sœurs polonaises déportées. Ce roman est donc d'autant plus poignant car il s'inspire de faits réels et je remercie d'ailleurs l'auteure d'avoir osée mettre en lumière ces femmes si fortes et si courageuses dont je n'avais jamais entendu parler. Et lorsque l'on voit l’ampleur de ce qu'elles ont fait, l'ampleur de leur générosité, il semble impensable qu'elles soient restées dans l'ombre si longtemps.

C'est de façon alternée que nous allons suivre l'histoire de ces trois femmes de 1939 à 1959, trois femmes qui ne se connaissent pas mais qui pourtant vont voir leurs destins liés à jamais. En effet l'une est américaine et travaille à New-York pour le consulat Français. La mission de Caroline est de récolter des denrées alimentaires et des vêtements pour les orphelins de guerre.  Nous suivons également Kasia une jeune polonaise vivant avec sa famille dans la petite ville de Lublin. Kasia va vite entrer dans la résistance et malheureusement se faire arrêter avec sa soeur, sa mère et sa meilleure amie pour être envoyée ensuite dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbruck. C'est là qu'elle va rencontrer Herta, une jeune allemande diplômée de médecine qui a été engagée pour servir le Reich en effectuant des expériences médicales sur les prisonnières. Cette alternance de points de vues nous permet d'avoir la vision du monde concernant l'avancée de la guerre et la façon dont elle touche les gens. Certaines personnes en Amérique sont en effet complètement inconscientes voir se préoccupent peu de ce qui se passe de l'autre coté de l'Atlantique. Les mondanités s’enchaînent alors que d'autres sont déjà arrachés à leur famille et sont dépossédés de tous leurs biens.

J'ai donc été ravie de découvrir des personnages comme Caroline Ferriday qui bien qu'habitant à des milliers de kilomètres de l'enfer qui se joue pour certains, donne toute sa vie et son énergie pour aider les autres, les gens dans le besoin. Il y a énormément de bonté dans cette femme, elle est tellement emprunte d'une grande humanité qu'il est impossible de ne pas l'admirer et l'apprécier. On parle peu finalement de toutes les petites mains qui ont œuvré à leur manière contre ce cataclysme, qui ont pourtant participé à leur échelle à améliorer le sort de millions de gens On a tendance à oublier que tout le monde à cette époque n'était pas foncièrement mauvais ou égoïste, et qu'il y avait quand même des gens bons, dépourvus de haine qui étaient prêt à tout donner pour aider. En lisant ce roman on se rend compte également de l'énorme travaille de recherches qu'a effectué l'auteure sur la seconde guerre mondiale en la traitant à la fois de l'extérieure comme le montre le personnage de Caroline, mais aussi de l'intérieure à travers les personnages de Kasia, Suzanna et tant d'autres prisonnières, mais aussi à travers le personnage d'Herta qui nous donne le point de vue des allemands, chose que je n'avais encore jamais lu dans aucuns autres romans.

A travers l'histoire d'Herta on côtoie donc l'horreur de très près. Il m'a été très difficile de lire les chapitres là concernant même si j'ai trouvé intéressant de se mettre dans la peau d'un tel bourreau, de rentrer dans ses pensées insensées pour essayer de comprendre comment une personne peut arriver à commettre de telles atrocités envers quelqu’un. J'ai eu évidemment énormément de peine à comprendre ce personnage qui semble tout simplement inhumain et insensible à la douleur des autres. On la suit d'ailleurs jusqu'au procès de Nuremberg dans lequel elle a été la seule femme jugée, jusqu'à sa libération de prison, et on a l'impression finalement qu'elle n'éprouve aucuns remords pour ce travail qui lui avait été donné, ce qui semble complètement absurde. Martha Hall Kelly a choisit ainsi de mettre en avant ces expériences atroces pratiquées sur les prisonnières du camp, que l'on surnommait les lapins parce qu'elles étaient tellement mutilées qu'elles devaient sautiller pour pouvoir se déplacer, et parce qu'elles étaient considérées par les allemands comme des cobayes humains, de simples animaux de laboratoire. Certains passages sont insoutenables, on se demande comment en tant qu’être humain on peut pratiquer de tels actes, et surtout comment ces pauvres femmes ont pu supporter une telle douleur. En plus de la douleur c'est également les dommages que de telles opérations ont causé sur l'état d'esprit des victimes qui sont évoqués, le traumatisme psychique qu'elles ont engendré, mais aussi les cicatrices physiques qu'elles garderont à jamais.

C'est un des roman le plus complet que j'ai pu lire sur ce sujet parce qu'il ne traite pas uniquement de la période de guerre, mais aussi de l'après et des injustices qui en ont découlé, comme la non reconnaissance des victimes qui étaient même accusées d'avoir complotées avec les allemands, ou l’absence de jugements de certains criminels nazis. Heureusement c'est grâce à des personnes comme Kasia ou Caroline que la vérité  si abominable soit-elle a pu être rétabli et entendu, que justice a pu être rendu au nom de tous ceux mort injustement.

Pour conclure:
Un roman inoubliable qui retrace le destin de trois femmes qui ont réellement existé et qui ont vécu de manière très différente la seconde guerre mondiale. En plaçant le lecteur tour à tour dans la peau d'une déporté, d'une médecin nazie et d'une américaine œuvrant pour aider, Martha Hall Kelly nous livre ici un roman très bien documenté et d'une extrême précision sur l'horreur des camps, mais aussi sur le combat de toutes ces victimes pour être reconnues et surtout pour faire condamner les responsables de ces crimes contre l'humanité. Un chef d'oeuvre qui m'a rarement autant bouleversé, qui est indispensable à mes yeux pour nos propres connaissances et surtout pour ne jamais oublier. 

Ma note: 20/20. Un coup de coeur!

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup le titre du roman, très poétique et son contexte est aussi particulièrement intéressant. Je le note ! ! Une belle chronique qui donne très envie d'aller voir ce qui se passe du côté des lilas qui ne refleurissent qu'après un hiver rigoureux. ^^

    RépondreSupprimer
  2. J'ai tellement hâte de le lire celui-ci ! <3

    RépondreSupprimer