mercredi 4 avril 2018

Le jardin de l'oubli.
Clarisse Sabard.
Editions Charleston.
427 pages.
En librairie depuis le 13 février 2018.

Résumé:

1910. La jeune Agathe, repasseuse, fait la connaissance de la Belle Otero, célèbre danseuse, dans la villa dans laquelle elle est employée. Une rencontre qui va bouleverser sa vie, deux destins liés à jamais par le poids d'un secret.

Un siècle plus tard, Faustine, journaliste qui se remet tout juste d'une dépression, se rend dans l'arrière-pays niçois afin d'écrire un article sur la Belle Époque. Sa grand-tante va lui révéler l'histoire d'Agathe, leur aïeule hors du commun. En plongeant dans les secrets de sa famille, la jeune femme va remettre en question son avenir.

Mon avis:

J'ai découvert la plume de Clarisse Sabard avec La plage de la mariée que j'avais adoré. Je me suis donc offert son premier roman Les lettres de Rose que je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de lire, car c'est une jeune auteure que j'ai en effet bien l'intention de suivre au fur et à mesure de ses écrits.  Je suis en attendant ravie d'avoir pu recevoir il y a peu de temps son tout dernier titre Le jardin de l'oubli de la part de la maison d'édition Charleston que je remercie d'ailleurs beaucoup pour leur confiance. 

Clarisse Sabard est une auteure connue pour ses talents de conteuse, sa capacité à nous concocter des histoires de famille mystérieuses, intéressantes, prenantes et qui tiennent la route, comme j'avais pu le constater dans La plage de la mariée, mais aussi pour sa capacité à nous décrire des époques lointaines comme si on y était. Cela a été clairement le cas pour ce roman là dont l'intrigue se déroule à la fois de nos jours mais aussi à la Belle époque au début du XXème siècle, avec les robes à crinoline, les jupons, les corsets et les grands chapeaux, jusqu'à l’éclatement de la première guerre mondiale qui a eu un effet retentissement sur les familles mais aussi sur les modes de vie. 

Pourtant malgré cette précision narrative j'ai préféré les passages se situant de nos jours, pas parce qu'ils étaient moins bien écrits ou moins intéressants, mais parce que l'intrigue a pris une tournure qui moi m'a moins plus. Même si il faut reconnaître que l'auteure a effectué un véritable travail de recherche pour l'écriture de son livre, le personnage de la belle Otéro par exemple ne m'a pas intéressé plus que cela. Et comme les ancêtres de Faustine sont liés à cette femme, et bien je n'ai pas autant apprécié que d'habitude  dans ce genre de roman l'histoire familiale qui est racontée. 

J'ai également été moins transportée par les lieux dans lesquels se déroule l'histoire, à savoir Nice et ses alentours. Je sais que l'auteure y habite aujourd'hui, et je pense qu'elle a voulu certainement rendre une sorte d'hommage à une ville qu'elle aime beaucoup, mais pour ma part je n'ai jamais été attirée par le Sud de la France. Ainsi même si les paysages étaient très bien décrits, avec les falaises, ou encore les balades dans les petits sentiers au son des cigales, qui me donnaient vraiment l'impression d'y être, et bien je n'étais pas forcément transportée comme j'ai pu l'être dans La plage de la mariée dont l'intrigue se situe en Bretagne, une région que j'adore. Il s'agit bien évidemment de détails fondés sur des goûts personnels, mais qui finalement ont leur importance à mon sens dans l'appréciation d'un livre.

J'ai cependant apprécié la modernité du roman, car il aborde des  faits d'actualité comme l'homosexualité à travers les deux petites mamies chez qui Faustine habite, qui sont juste adorables et chaleureuses comme peut l'être leur maison pleine de livres et de chats,  ou encore l'immigration. Même si finalement l'histoire des migrants que rencontre la jeune femme n'apporte rien à l'histoire et n'était pas nécessaire, j'ai aimé retrouver des petites touches "de réel" qui donnent encore plus de crédibilité au roman d'une façon générale, et qui permettent de se rendre compte de la bonté du personnage de Faustine.

C'est en effet un personnage que j'ai adoré, qui m'a fait énormément rire pour son audace, pour son courage, pour son franc parler, ou encore pour son côté gaffeuse, mais qui m'a aussi énormément touché pour son manque de confiance en elle, pour la maladie qui la touche, pour ses difficultés à se faire comprendre par son entourage, surtout par sa sœur qui est très différente d'elle. C'est une femme qui a un grand cœur, qui pense énormément aux autres avant de penser à elle, qui est généreuse, qui est indépendante, qui est forte malgré ce qu'elle pense, qui est solaire, pétillante, qui vit avec son temps, mais qui sait aussi se montrer nostalgique par moment d'où son intérêt pour le passé, pour l'Histoire, et pour le mystère autour de ses ancêtres.  Clarisse Sabard a vraiment le don de nous créer des personnages principaux auxquels on s’attache dès les premières pages, et Faustine fait partie de ceux-là.

Malgré tout j'ai beaucoup moins aimé le personnage d'Agathe. J'ai apprécié son côté moderne pour l'époque, parce qu'elle ne veut pas se contenter d'une vie de femme au foyer à la campagne, mais qu'au contraire elle rêve de mondanité, de sorties, de belles choses, comme on peut en voir  auprès des gens riches. C'est une jeune fille qui fait fi des conventions, qui a de l'audace, de la détermination à revendre, qui n’hésite pas à travailler dur pour arriver à ses fins, qui ose même publier ses écrits, certes sous un nom d'homme, mais qui ose malgré tout. Je n'ai cependant pas du tout compris certains de ses choix, comme celui d'accepter d’être une maîtresse, ou de tomber enceinte pour se faire épouser, pour accéder ensuite à un milieu social. Ce sont des façons de faire, de penser qui ne sont pas les miennes, et j'ai donc eu des difficultés à me sentir proche d'elle et à avoir de la compassion pour elle à certains moments.

Pour conclure:
Le jardin de l'oubli n'est pas un roman que j'ai adoré comme j'ai pu adorer le précédent de l'auteure, parce que les lieux, et certains personnages m'ont moins plu, mais que j'ai apprécié quand même pour la complexité de l’histoire familiale, pour le personnage de Faustine qui m'a beaucoup ému, et pour certains thèmes d'actualité abordés.

Ma note: 15/20.

1 commentaire:

  1. Ce n'est pas son meilleur, à mes yeux ce sont "Les lettres de Rose" mais je l'ai trouvé plus abouti et on sent la maturité dans la plume de Clarisse :) C'est ce qui m'a fait l'apprécier autant.

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