lundi 25 janvier 2016

Stupeur et tremblements.
Amélie Nothomb.
Editions Le livre de poche.
186 pages.

Résumé:

Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l'implacable rigueur de l'autorité d'entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant. D'erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu'au rang de surveillante des toilettes, celui de l'humiliation dernière. Une course absurde vers l'abîme, image de la vie, où l'humour d'Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.

Mon avis:

J'ai découvert l'auteure il y a des années de cela, en quatrième ou troisième, années pendant lesquelles j'ai lu pas mal de ses œuvres. Je me souviens que j'avais beaucoup aimé le style d'Amélie Nothomb et j'ai voulu me replonger dans ses romans.

Tout d'abord, la première chose que l'on remarque est que la narratrice utilise la première personne du singulier pour nous raconter son histoire. On comprend par la suite, en prenant connaissance du prénom de l'héroïne, qui est Amélie, qu'il s'agit d'une oeuvre autobiographique. Dans ce  livre très court, la jeune Amélie, qui vient d'être engagée dans une firme japonaise comme traductrice, va nous raconter sa première expérience professionnelle, qui s'est révélée être catastrophique. Face à des collaborateurs sournois et de mauvaise foi, combiné à une culture différente, qui donne souvent lieu à des incompréhensions mutuelles, elle va devenir la risée de l'entreprise, subissant brimades et remontrances souvent non justifiées. Va s'en suivre une longue descente des échelons hiérarchiques, passant de traductrice, puis tourneuse de pages de calendriers, pour finir au rang de nettoyeuse des toilettes. Pourtant, prenant en considération les mœurs nippones, elle va beaucoup prendre sur elle, et accepter de s'attribuer tous les torts.

Je dois dire que son comportement m'a paru insensé. Amélie, qui est pourtant pleine de bonne volonté et travaille efficacement, n'est pas du tout intégrée dans l'entreprise. Elle doit refaire continuellement son travail, car selon ses supérieurs il n'est jamais assez bien fait. Par exemple, refaire des tonnes de fois des photocopies qui ne sont jamais parfaitement cadrées, ou encore réécrire plusieurs fois une simple lettre de remerciement qui ne correspondait à chaque fois pas au désir de son patron,sans que ce dernier ne veuille lui expliquer ce qui n'allait pas avec les précédentes, juste pour le plaisir de la rendre folle et l'humilier.  La moindre tâche qu'elle voulait effectuer pour se rendre utile, lui était reproché. J'admirais sa grande patience, et sa capacité à relativiser la moindre chose, sans tomber dans la dépression. Toutes personnes normales auraient à sa place démissionné depuis longtemps je pense. Pourtant, elle réussi à prendre les choses du bon côté et à nous les raconter avec beaucoup d'autodérision. Jusqu'au bout elle tient bon  et garde la tête haute, essayant de réagir comme l'aurait fait une vraie japonaise, preuve de son réel désir de s'intégrer.

Je tire mon chapeau à l'auteure qui a eu le courage de parler de la véritable tyrannie qu'elle a subi dans ce pays, sans avoir peur par la suite de s'en attirer les foudres. C'est un roman qui se lit très vite, car il est écrit en très gros caractères et on ne s'ennuie pas une seconde. Malgré la cruauté des japonnais pour lesquels elle travaille, on ne peut s'empêcher d'être captivé et de sourire, tellement tout cela parait absurde et grotesque. Jamais en France on ne pourrait tolérer ce genre de comportements, sans aller directement aux prud’hommes, ce qui montre que les pratiques professionnelles du Japon dans les années 1990, sont à des années lumières des nôtres et le désir de rébellion des employés étouffé.

Pour conclure: 
Un roman original,loufoque, caractéristique du style de l'auteure, qui pourtant fonctionne, d'autant plus que la plupart de ces faits se sont réellement passés. Mise à part un très court passage un peu ennuyeux sur le sort inéluctable des japonnais dès leur naissance, j'ai adoré relire ce roman tellement loin de tout ce que l'on peut lire habituellement. Une réussite.

Ma note: 16/20.

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