samedi 16 septembre 2017

Les morsures de l'ombre.
Karine Giebel.
Editions Pocket.
279 pages.

Résumé:

Elle est belle, attirante, disponible. Il n'a pas hésité à la suivre pour prendre un dernier verre. A présent il est seul, dans une cave, enfermé dans une cage. Isolé. Sa seule compagnie ? Sa séductrice et son bourreau. Et elle a décidé de faire durer son plaisir très longtemps. De le faire souffrir lentement. Pourquoi lui ? Dans ce bras de fer rien n'est dû au hasard. Et la frontière entre tortionnaire et victime est bien mince...

Mon avis:

Comme cela faisait un petit moment que je n'avais pas lu de thriller j'avais très envie de partir à nouveau vers ce genre que j'affectionne pourtant beaucoup. C'est tout naturellement que je me suis tournée vers Karine Giebel que j'ai découvert l'année dernière avec De Force et qui ne cesse de me surprendre roman après roman. J'avais entendu de très bons échos concernant Les morsures de l'ombre qui est souvent perçu comme l'un des meilleurs, je n'ai donc pas hésité longtemps à me plonger dedans. 

Quelle claque encore que ce livre. Dès le prologue le lecteur se retrouve plongé en pleine pénombre, puisque un homme de 35 ans du nom de Benoît Lorand policier de métier se réveille enfermé dans une cave par une jeune femme Laïla. Il ne semble pas la connaître mais pourtant elle semble déterminée à le voir mourir. C'est une intrigue complètement dingue, complètement addictive parce qu'on a envie évidemment de savoir pourquoi cet homme qui n'a semble-t-il rien à se reprocher est prisonnier d'une femme qui semble tout simplement folle à lier. J'ai dévoré ce roman en deux jours parce que l'on ne peut tout simplement pas le lâcher. Karine Gibiel joue encore une fois avec nos nerfs, nous fait réfléchir, nous pousse à vouloir recomposer ce puzzle diabolique jusqu'à nous faire douter petit à petit de tous les personnages qui jalonnent cette histoire, même de Benoit lui-même qui ne nous semble pas finalement aussi irréprochable que ce qu'il laisse paraître.

J'ai eu énormément de difficultés à m'attacher aux personnages car ils donnent l'impression qu'ils cachent tous quelque chose, que l'on ne peut se fier à aucun d'entre eux. J'ai été surprise cependant d'éprouver de la compassion pour le personnage le plus sombre et le plus torturé d'entre eux Laïla. C'est une jeune femme qui a malheureusement vécu un drame quelques années plus tôt dont elle ne s'est jamais remis, qui lui a fait perdre peu à peu l'esprit et qui est bien déterminée aujourd'hui à faire payer l'homme responsable du malheur qui l'a frappé. A travers la cruauté dont elle fait preuve envers Benoit car oui ce livre comporte des passages de violences assez durs, de torture même, on entrevoit aussi une jeune femme qui souffre et qui souhaite tout simplement  faire justice elle-même pour pouvoir finalement vivre en paix. J'ai beaucoup aimé ce personnage complexe que l'on apprend à comprendre aussi à travers ses séances chez sa psychiatre, et à travers sa façon dérangeante et hallucinante de résonner. On comprend petit à petit qu'elle souffre d'une sorte de schizophrénie, de dédoublement de la personnalité qui la rend encore plus instable et dangereuse.

Et puis il y a évidemment tout le côté enquête qui vient se greffer à ces scènes d'horreur, d’enfermement, de supplice qui rythment le récit et qui nous font peur en même temps parce que l'on commence à douter que les policiers n'arriveront peut-être pas à temps, mais surtout parce que l'on commence à comprendre que même si les collègues de Benoit font leur travail du mieux qu'ils peuvent il y a une sorte de secret autour du commissariat qui est enfoui et qui petit à petit commence à émerger. Certains de ses collègues nous apparaissent sous un  nouveau jour, on commence à suspecter la police elle même car on ne peut pas faire autrement et c'est ce que j'ai beaucoup aimé. On est vraiment baladé, perdu à travers tous ces suspects potentiels pendant tout le roman, d'autant plus qu'il y a même un personnage qui apparaît à un moment donné dans le livre qu'on ne voit que deux fois mais qui complique encore plus l'affaire. Il est quasiment impossible de comprendre le lien entre tous les personnages, où l'auteure veut en venir tellement le scénario est bien ficelé.

A côté de ces protagonistes au passé sombre il y a bien évidemment cette ambiance terrifiante d'enfermement passé avec Benoit qui petit à petit perd ses forces. Le manque d'eau, de nourriture, le froid, le silence inquiétant, la pénombre constante l'amenuisent peu à peu. C'est ainsi que l'on se rend compte de la capacité du corps humain à survivre malgré les privations, malgré les coups, malgré la violence verbale qui au fur et à mesure pourtant commencent à lui faire perdre espoir et à le rendre fou. J'ai adoré ces passages là qui nous prennent aux tripes parce que l'on ne sait pas si Benoit va survivre ou non. J'ai beaucoup aimé la fin également même si elle a comme un goût d'inachevé selon moi, car une partie des réponses que l'on a, notamment sur l'identité de la personne responsable de toute cette folie reste inatteignable. On ne termine pas à mon sens le roman complètement satisfait mais en même temps j'ai apprécié que l'épilogue soit différent de ce que l'on trouve souvent dans les thrillers. 

Pour conclure:
Karine Giebel m'a encore une fois embarqué dans un thriller psychologique incroyable, extrêmement bien mené, qu'il est impossible de comprendre totalement avant la toute fin. Un roman sombre et machiavélique où résonnent vengeance et manipulation. 

Ma note: 17/20.

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