samedi 24 février 2018

Ce soir on regardera le étoiles...
Ali Ehsani.
Editions Belfond.
320 pages.
En librairie depuis le 1 février 2018.

Résumé:

La guerre, c'est le quotidien d'Alì, huit ans. Les rues de Kaboul englouties sous les tirs de mortier, les terrains de foot improvisés au milieu des décombres, le petit garçon est habitué. Mais un soir, au retour de l'école, c'est sa maison qui a disparu et, avec elle, ses parents. Sans famille ni argent, Alì et son grand-frère Mohammed prennent la route. Direction l'Iran, la Turquie, la Méditerranée, d'autres rives, à la recherche d'autres étoiles sous lesquelles trouver refuge. Cinq ans plus tard, Alì est devenu un adolescent. Un gamin de treize ans cramponné au châssis d'un poids lourd en partance pour l'Italie. Un jeune homme épuisé, qui rassemble ses forces pour fuir, toujours plus loin. Seul. Car Mohammed, son grand frère, son héros, s'est égaré en chemin... Qu'est-il arrivé ? Les deux garçons pourront-ils jamais tenir leur promesse d'être réunis, libres et heureux, sous les étoiles ?

Mon avis:

L'émigration est un phénomène d'actualité qui prend de plus en plus d'ampleur au vue des très nombreux conflits qui sévissent actuellement dans des pays comme l'Afghanistan. Je suis donc toujours avide de lire les récits de ceux qui ont réussi à s'en sortir au péril de leur vie. Je n'avais lu à ce jour qu'un seul témoignage de migrant celui de la jeune Nujeen qui a fuit son pays en fauteuil roulant pour gagner l'Europe et qui m'avais beaucoup marqué. Je tiens donc à remercier les Editions Belfond pour l'envoi de ce titre qui m'a encore une fois énormément touché.

Ce témoignage est celui du jeune Ali qui un jour en rentrant de l'école alors qu'il n'avait que huit ans s’aperçoit que sa maison n'existe plus, qu'elle a été bombardée par un missile tuant également ses parents. Devenu orphelins du jour au lendemain le petit Ali et son frère Mohamed dix huit ans décident de quitter Kaboul pour gagner l'Europe afin d'y trouver la paix et un avenir meilleur.  C'est Ali qui va être le narrateur du récit en disant "tu" ce qui m'a au début un peu déstabilisé, car je ne savais pas pourquoi l'auteur avait fait ce choix. J'ai bien vite compris car dès le deuxième chapitre qui nous entraîne cinq ans plus tard on comprend qu'Ali est désormais seul, on ne sait pas ce qu'est devenu son frère. Pour ma part, j'ai assez vite deviné, le style narratif ne m'a donc plus dérangé et j'ai ainsi trouvé le récit d'Ali incroyablement beau et émouvant. 

« En Afghanistan, il y avait la guerre et je croyais que c’était partout pareil parce que je n’avais jamais rien vu d’autre. Tous les jours, un missile partait détruire quelque chose, même si on ne comprenait pas bien qui était contre qui. »

C'est une lecture assez difficile car le périple d'Ali et Mohamed va être souvent violent et semé d'embûches, que se soit à pied, en bus, en camion, sur des routes et des chemins poussiéreux et chaotiques, ou à travers les montagnes où les nuits sont glaciales, sans pouvoir pendant plusieurs jours se laver, manger, ou boire, sans pouvoir dormir sous un toit, souvent à la belle étoile. Ils vont la plupart du temps devoir faire confiance à de parfaits inconnus sans savoir si ils ont raison ou tord, devoir marchander, devoir subir la malhonnêteté de certains, en ayant à chaque étapes de leur voyage la peur de se faire voler, arrêter par la police ou par les gardes frontières qui les ramèneront au point de départ, en ayant la peur de mourir tout simplement. Il est difficile de ne pas être touché par leur situation alarmante et par le douloureux combat qu'ils mènent alors que nous nous avons la chance de tout avoir. On ne peut que comprendre leur soif de liberté et de sécurité, de vouloir vivre sans avoir peur du lendemain. J'ai été extrêmement touchée par ces deux jeunes garçons et par tout ce qu'ils ont dû traverser alors même qu'ils n’étaient encore que des enfants.

« C’est dur, mais c’est mieux que chez nous ».

J'ai été émue par la volonté, le courage, et la persévérance de Mohamed qui à tout juste dix-huit ans n'hésite par à prendre son petit frère sous son aile, et fait en sorte de les emmener le plus loin possible. C'est un jeune homme réfléchi, protecteur, et honnête malgré la tentation toujours constante de commettre des délits pour s'en sortir et avancer. J'ai été admirative de leur dignité qu'ils s'emploient à préserver jusqu'au bout malgré leur situation, ils sont ainsi pour moi un très bel exemple de ce que devrait être tout être humain. L’innocence d' Ali est également très touchante, lui qui a bien du mal à comprendre au début ce qu'il se passe. Il ne comprend pas où sont ses parents, pourquoi il doit quitter son copain Ahmed et Kaboul la ville où il a toujours vécu. Les premiers jours vont être très éprouvants pour lui évidemment qui a bien du mal à suivre, qui pleure beaucoup, qui est terrorisé par tout ce qu'ils vont rencontrer, malgré les tentatives de son frère pour le faire rire et oublier la misère. On s'attache encore davantage à lui lorsqu'il se retrouve seul livré à lui-même à seulement onze ans, et qui pourtant va tout tenter pour continuer à avancer malgré son jeune âge. 

« je me demande à quoi cela sert d’être heureux si on n’a plus personne avec qui le partager »

C'est un récit qui va durer cinq longues années, qui va nous faire voyager de l’Afghanistan, à l'Iran, en passant par la Turquie puis la Grèce, jusqu'en Italie, un récit bourré d'émotions et d'espoir malgré le sentiment d'échec permanent des deux jeunes garçons. Le témoignage d'Ali rejoint celui de Nujeen et de tant d'autres migrants qui tous les jours tentent le tout pour le tout au péril de leur vie pour fuir les bombes et tenter de trouver un avenir possible ailleurs. A travers leur histoire c'est aussi les conséquences d'un tel déracinement qui nous apparaissent, celles de ne plus jamais revoir sa famille, de partir à l'inconnu, dans un pays dont on ne connait rien, sans argent, sans diplôme, sans parler la langue, livrés à nous-mêmes, jugés par le regard des autres qui ne voient en nous qu'un étranger de plus, une personne sale, dangereuse , différente, qui dérange. Heureusement c'est aussi les souvenirs de leur vie d'avant, les jeux, et la bonté de certains êtres humains qui sont également mis en lumière, ceux qui par un geste, un don, un sourire vous montrent de la compassion et vous donnent le courage de continuer, et de croire en la possibilité d'un monde meilleur. 

Pour conclure: 
Le témoignage extrêmement touchant d'un jeune émigré afghan, qui marque par son courage et sa détermination malgré son jeune âge à fuir son pays en guerre pour un avenir meilleur. Un récit destiné à son frère Mohamed qui touche par la violence du voyage, par l’extrême pauvreté de ces gens qui ont tout quitté, mais aussi par la solidarité de certains et l'espoir qui perdure, toujours. 

Ma note: 20/20. Un coup de coeur! 

3 commentaires:

  1. Ce récit est vraiment bouleversant, je l'ai adoré ! J'ai tellement hâte d'en discuter au Club dimanche !

    RépondreSupprimer
  2. Je suis justement en train de le lire. C'est vrai que c'est très touchant !

    RépondreSupprimer