L'enfant de Loire.
Gilbert Bordes.
Editions Belfond.
348 pages.
Résumé:
Au bord de la Loire, pendant et après la Première Guerre mondiale, l'amour tragique entre un homme et une femme qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Sully-sur-Loire, 1914. Boris Maleroy, un pêcheur solitaire, sauve de la noyade Irène Lessager, fille de famille aisée et épouse de Vincent de Lestang, officier au front. Dans la chaleur la fin de l'été, l'attirance des corps est irrésistible, et de rendez-vous buissonniers en rencontres furtives, Irène tombe enceinte de son braconnier. Mais les familles Lessager et Lestang entendent sauver leur honneur sans s'encombrer d'Aymar, fruit de ces amours illicites. Et elles mettront tout en oeuvre pour faire disparaître l'enfant qui entache leur réputation.
Mon avis:
Je remercie beaucoup les Editions Belfond pour m'avoir envoyé L'enfant de Loire dont le résumé m'attirait beaucoup car j'apprécie énormément les romans dramatiques sous fond de guerre. Je lis malheureusement très peu d'histoires se déroulant pendant la première guerre mondiale à mon grand regret d'ailleurs, la majorité de mes lectures historiques traitant de la seconde guerre mondiale.
Pourtant, c'est un des conflits qui a fait le plus de morts en France. Tous les hommes en âge de partir, c'est à dire à 17 ans, et en bonne santé étaient mobilisé pour défendre leur pays pour ne pas qu'il tombe aux mains des allemands. Les conditions de vie dans les tranchées étaient très difficiles. Les soldats souffraient du froid, de la faim, vivaient avec les rats qui leur transmettaient parfois des maladies qui se propageaient à cause notamment du manque d'hygiène. S'ajoutait à cela la peur constante de tomber sous les bombes ou en première ligne, l'horreur de voir ses camarades mourir sous leurs yeux dans d'atroces souffrances. Bien souvent les rescapés revenaient du front soit gravement blessés soit traumatisés à vie.
Les femmes de leur côté n'avaient pas non plus une vie facile puisque qu'elles se retrouvaient toutes seules du jour au lendemain à devoir remplir le rôle de chef de famille, à avoir des responsabilités pour lesquelles elles n'étaient pas habituées et préparées, puisqu'elles avaient toujours obéi à leur mari, leur place étant à la maison à s'occuper des enfants.
Ces années de guerre étaient ainsi aussi marquées par la peur constante de recevoir de mauvaises nouvelles du front et de ne jamais revoir leur mari, leur(s) fil(s) ou leur(s) frère(s). C' est cette nouvelle vie là que l'on découvre à travers les personnages de ce roman. Jospeh Lestang, la mère de Baptiste, Louise Lessager la mère Adrien ou encore Irène la femme de Baptiste et sœur d'Adrien sont chacune touchées à leur manière. On ressent au fil des pages toute la détresse, l’impuissance et l'inquiétude de ces femmes.
Par conséquent, dans ce contexte historique difficile qui éloignait les couples, certaines femmes ne sachant pas si elles reverraient un jour leur époux, tombaient amoureuse et avaient une liaison avec un autre homme, qui n'avait soit pas pu partir à la guerre ou qui était revenu prématurément.
Tel est le cas d'Irène qui va tomber amoureuse de Boris, jeune braconnier et pêcheur solitaire qui à cause d'une jambe raide n'a pas pu aller ce battre comme la majorité des hommes. Bien que tous les deux tentent de cacher leur liaison, leur secret va être vite dévoilé puisque Irène tombe enceinte. Le père de la jeune femme ainsi que ses beaux parents avec lesquels elle ne s'entend pas, ne voient bien évidemment pas d'un très bon œil cette aventure qu'ils considèrent comme un déshonneur envers la famille. D'autant plus que Boris est pauvre et n'est pas bien vu par les gens du village qui le traitent de lâche ou le soupçonnent d'être du côté des allemands.
Va alors commencer pour Irène une période épouvantable puisque son père pour faire taire les cancans et pour ne pas entacher la réputation de la famille, va lui interdire de revoir Boris et va tenter de lui faire perdre l'enfant. J'ai été choquée par les tentatives de meurtres de ce patriarche dur et insensible, qui ne pense qu'à lui finalement et qui était prêt à tout pour tuer son petit fils. J'ai eu beaucoup de peine pour Irène, pour la tragédie qu'elle vit, même si à plusieurs reprises, elle m’agaçait car elle ne savait pas trop ce qu'elle voulait et changeait constamment d'avis. Un jour elle souhaitait vivre avec Boris, un autre jour prise de remords elle souhaitait retourner auprès de Baptiste. Malgré tout j'ai pu comprendre au fil des pages qu'elle était en réalité complètement perdue et que c’était bien légitime qu'elle ne sache plus très bien à qui faire confiance.
J'ai beaucoup aimé cette histoire même si j'ai relevé si je ne me trompe pas une erreur de nom dans la narration et le résumé (Serge Lainan?) et quelques répétitions de l'auteur.
Je ne vous en dirai pas plus sur la suite des événements que je vous laisse le soin de découvrir, mais je peux déjà vous dire que ce que va subir la jeune femme années après années va être de pire en pire, de la part de son père bien-sûr, mais aussi de son frère qui revient profondément changé du front et qui est un des personnages les plus abominables du roman.
Pour conclure:
C'est un livre poignant, dur et sombre sur les conditions de vie pendant la guerre, sur les mœurs si particulières à cette époque, où les femmes n'avaient pas leurs mots à dire, dirigées par les hommes de la famille qui n'étaient pas partis au front, et où la religion et les traditions avaient une très grande place. C'est un roman qui met en avant des thèmes importants comme la désertion, les mariages arrangés, le deuil, l'abandon, l'adoption également. Entre soif de vengeance, de pouvoir, d'argent, règlements de compte et trahison, on dévore ce livre jusqu'à la toute dernière page. Les rebondissements s’enchaînent, on a peur pour les personnages, et l'on passe constamment par différents sentiments, de la tristesse à la sidération, de l'émotion à la colère. J'ai tout simplement adoré.
Ma note: 18/20.
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