mardi 18 octobre 2016

Les divins secrets des petites ya-ya.
Rebecca Wells.
Editions Charleston.
538 pages.

Résumé:

"Une danseuse de claquettes maltraite ses enfants..." Quand Vivi Walker lit dans le "Sunday New York Times" le portrait que brosse d'elle sa fille Siddy, metteur en scène à succès, elle la renie sur le champ. Afin d'aider à renouer le dialogue entre la mère et la fille, les amies intimes de Vivi finissent par la persuader d'envoyer à Siddy son album souvenir : "Les divins secrets des petites ya-ya". Siddy va alors plonger dans l'univers des ya-ya, du nom cajun que les quatre amies se sont donné lors de leur folle jeunesse en Louisiane. Elle découvre un petit groupe à part, soudé par une amitié que rien n'a jamais pu affaiblir. A travers ces souvenirs fragmentés, Siddy découvre ainsi une image inattendue de l'exubérante Vivi, une femme meurtrie que seul le soutien indéfectible de ses amies a pu maintenir debout.

Mon avis:

Comment ne pas succomber encore une fois au charme des couvertures des livres des Editions Charleston? Vintage, fraîche, colorée, respirant le bonheur, celle des divins secrets des petites ya-ya m'a immédiatement tapé dans l’œil, et je remercie beaucoup la maison d’édition pour me l'avoir très gentiment envoyé. 

Pourtant, malgré une couverture attrayante, le sujet du roman reste néanmoins très sombre, puisque l'on va suivre Siddy, une quadragénaire célibataire et sans enfants, qui a bien du mal à s'investir et à s'engager sentimentalement. Pour "guérir" de ce mal être qui l'empêche de vivre sa vie normalement, elle va chercher à en apprendre plus sur sa mère Vivi, qu'elle considère comme la clé de tous ses problèmes affectifs. Sa capacité à remettre en question l'attitude de Vivi, alors qu'elle a toujours eu des relations tendues avec elle m'a vraiment épaté. J'ai trouvé très admirable que par amour pour sa mère, Siddy cherche à comprendre le comportement qu' elle a eu vis à vis de ses enfants, même si elle le dit elle-même elle ne lui a jamais pardonné. J'ai adoré plonger avec elle dans cette malle aux trésors qui renferme tous les souvenirs de jeunesse de sa mère et notamment son journal Les divins secrets des petites ya-ya. Le seul petit problème que j'ai rencontré est que je perdais parfois le fil du récit. Les souvenirs sont égrainés à mon sens de façon assez brouillon, l'auteure alterne les flash-back de plusieurs personnages et les moments dans le présent de Siddy, Vivi, ou les amies de cette dernière, ce qui est assez déstabilisant. 

Toutefois, j'ai adoré les personnages de ce roman que j'ai trouvé attachants, notamment les deux personnages principaux qui sont bien évidemment Siddy et sa mère Vivi. Comment ne pas être touché par Siddy, qui a été privée d'amour maternel, alors même qu'elle était une enfant somme toute agréable? Même si à aucuns moments on assiste en temps réel à ce que sa mère lui a fait subir, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour elle. Mes sentiments vis à vis de Vivi ont été quelque peu différents, même si ils ont beaucoup évolué au cours de ma lecture. Je l'ai tout d'abord bien-sûr détesté. Qui n'éprouverait pas de ressentiment envers une personne violente, surtout vis à vis de ses propres enfants? Puis, peu à peu la colère et le mépris que je ressentais envers elle sont devenus de moins en moins forts. Au fur et à mesure que défilent les événements de son passé, on comprend ce qui l'a poussé à devenir petit à petit exigeante, froide, et sans cœur. Bien-sûr cela ne justifie pas tout, mais on s'aperçoit que sa vie n'a pas été facile, qu'elle a beaucoup souffert, et j'ai été tout aussi émue de découvrir sa propre histoire. On rentre vraiment dans la psychologie des personnages, l'auteure décortique leurs pensées, leurs émotions pour que le lecteur puisse comprendre ce qui a pu les pousser à avoir de telles pensées, de tels comportements, ou à commettre des actes si violents, et j'ai trouvé cela très intéressant.

L'ambiance de ce roman est particulière. Chaleureuse grâce aux moments passés avec Vivi et ses copines qui forment le club des ya-ya. Insouciantes, délurées, drôles, j'ai adoré partager avec elles les bons moments de leur jeunesse, assister à leurs bêtises d'enfant puis d'adolescente, voir leur complicité, leur attachement mutuelle. Sombre aussi, à cause des thèmes plus difficiles que le roman comporte, comme la ségrégation raciale, la seconde guerre mondiale, les pensionnats religieux très stricts, le suicide, la dépression... qui malheureusement ont aussi fait partie de la vie de Vivi et de ses amies, et pendant lesquels elles se sont toujours soutenues les unes les autres, même si à mon sens ils sont trop peu développés.

Pour conclure:
Un roman quelque peu déstabilisant au début par la multitude de flash-back et de points de vues de personnages différents, brut et tendre à la fois, sur la recherche de soi, sur l’absence de liens maternels, sur la force des liens amicaux, sur les répercutions que peuvent avoir à l'âge adulte les blessures d'enfance, sur la remise en question de soi, sur le pardon. Tout ceci avec comme toile de fond quelque uns des grands bouleversements qu'a connu la première moitié du XXème siècle ainsi que des drames familiales. Un roman enrichissant malgré des thèmes difficiles, un peu à l'image de La couleur des sentiments de Kathryn Stockett ou encore des Suprêmes de Edward Kelsey Moore.


Ma note: 14/20.

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