samedi 27 février 2016

Si c'est un homme.
Primo Levi.
Editions Pocket.
315 pages.

Résumé: 

" On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une sincérité égale au sentiment de la honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce. C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité. " Angelo Rinaldi "

Mon avis:

Si c'est un homme de Primo Levi fait partie de ces classiques de la littérature, un témoignage sur l'holocauste qu'il est important de lire au moins une fois dans sa vie pour prendre conscience des crimes perpétrés sur des êtres humains réduits au rang de bétail. Je voulais lire ce livre depuis bien longtemps, car j'en ai beaucoup entendu parler à l'école notamment, mais je n'ai jamais vraiment trouvé le courage de l'ouvrir, jusqu'à aujourd'hui.

C'est un témoignage bouleversant  et très dur que nous livre Primo Levi, qui est un jeune italien arrêté à l'âge de 24 ans et envoyé dans le camp de concentration d'Auschwitz en 1944. Il nous raconte son quotidien atroce, marqué par la faim, le froid, les coups, les maladies et la terreur de chaque instants d'être envoyé à la chambre à gaz. Il nous explique comment les Hommes enfermés dans ce camp étaient traité, ni plus ni moins comme des animaux, enfermés dans des wagons à bestiaux, tatoués, soumis parfois à des expériences médicales barbares, et obligés de manger sans cuillère, comme des chiens, la soupe que les allemands leur donnaient. Puis, le traitement des cadavres qu'ils dépouillaient de leurs dents en or, de leurs cheveux pour en faire du tissu, et les cendres dont ils se servaient comme engrais.

"Plus rien ne nous appartient: ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s'ils nous écoutaient, ils ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom: et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions subsiste. " (p34).

Face à de telles conditions de vie, comment rester digne lorsque tout ce qui fait de nous un être humain nous est enlevé ? Épuisés physiquement mais aussi moralement, affamés, indubitablement ils perdent peu à peu leur raison d'être, ils sont démolis, sont transformés, au point de ne plus pouvoir penser ou se reconnaître. 

" Il n'y a pas de miroir mais, mais notre image est devant nous, reflétée par cent visages livides, cent pantins misérables et sordides. Nous voici transformés en ces mêmes fantômes entrevus hier au soir." (p. 33). 

On assiste impuissant en lisant ces lignes à l'horreur dans laquelle vivaient les prisonniers et l'humiliation que leur infligeaient les SS allemands. Les détenus vivaient constamment dans la peur de ne pas savoir si demain ils seront encore en vie, ou si il y aura même un lendemain. Une phrase d'ailleurs marque la devise abominable du camp: 

"Vous n'êtes pas à la maison [...] vous n'êtes plus chez vous; ce n'est pas un sanatorium, ici; d 'ici on n'en sort que par la cheminée [...] ici il n'y a pas de pourquoi." (p.38). 

Malgré toutes ces privations, ils essaient malgré tout de rester dignes, de se laver, de se comporter ''décemment'' pour ne pas devenir des bêtes, comme ils étaient considéré par les allemands. 
Les prisonniers s'organisent et s'entre-aident comme ils peuvent pour trouver des rations supplémentaires pour pouvoir survivre un jour de plus, même si souvent ils n'avaient guère d'espoir de s'en sortir vivant.

A la lecture de ce récit nous sommes bien évidemment bouleversés de voir que de telles atrocités aient existé. Au nom de quoi? A cause de la folie d'un homme, qui estimait que le peuple juif ne devait pas vivre car leur religion était une abomination, que ce peuple était une race inférieur aux autres. Des convictions inimaginables qui ont conduit à la mort des millions de,personnes qui n'avaient rien fait, rien demandé.
J'ai lu en ce qui me concerne beaucoup de témoignages sur la shoah, mais on ne s’habitue jamais je pense à l'idée que malheureusement cela a eu lieu et que des millions de gens ont été enfermés et ont été obligés de vivre dans des conditions épouvantables.  Et pourtant, de tels endroits ont existé sans que personne ne sache, ou ait voulu savoir, ce que l'on y faisait. 

L'auteur a donc raconté son expérience afin que tout cela ne tombe pas dans l'oubli. Il a écrit ce livre non pas en tant que victime, mais en tant que témoin du passé, témoin de la folie de certains Hommes déterminés à tuer.
Malgré la complexité du texte à cause de nombreux mots allemands, et du langage soutenu que nous livre Primo Levi, c'est un texte riche qui reste abordable. Une profonde réflexion psychologique sur l'être humain, qu'il faut lire coûte que coûte, pour perpétrer le devoir de mémoire.

Pour finir, j'ai beaucoup apprécié la démarche de l'auteur, qui à la fin de son récit nous livre un appendice de quelques pages dans lequel il répond aux questions les plus fréquentes qu'on lui pose lorsqu'il témoigne de ce qu'il a vécu. J'ai appris énormément de choses sur le fonctionnement de l'être humain, sur la façon dont ont vécu les prisonniers pendant leur enferment, mais également après la libération. Une confession dont on ressort je pense changé et qui me marquera sans doute à jamais. 

Pour conclure:
Un témoignage bouleversant raconté par un homme qui a vécu l'enfer des camps et qui a survécu miraculeusement. Un récit poignant sur les détentions de captivités horribles dans lesquelles étaient les prisonniers, mais également sur la psychologie de l'être humain, qui, une fois privé de tout ce qui fait de lui un Homme, doit lutter pour garder un semblant de dignité. 
Je vous conseille de lire, ou du moins de vous intéresser à l'oeuvre de Primo Levi pour votre culture personnelle, mais aussi pour réfléchir au monde d'aujourd'hui, dans lequel le racisme est malheureusement toujours présent. Le manque de tolérance envers des individus différents de nous, peut encore conduire aujourd'hui à des actes affreux, surtout lorsque l'on voit la vitesse et la facilité avec laquelle tout cela c'est mis en marche à l'époque.

Ma note: 17/20.

2 commentaires:

  1. Lors de ma 1ère L mon prof de Français nous faisait très souvent quelques minutes de lecture, il a commencé notre premier cours par ce livre. J'ai tellement été captivée par les phrases de ce récit, et sa manière de lire, qu'une amie me l'a ensuite offert. J'ai commencé à le lire, sans jamais le terminer, mais je le garde précieusement dans ma PAL pour le jour où cela sera le "bon" moment.

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    1. Oui tu as raison, certaines phrases restent gravées à jamais dans la mémoire. Je pense effectivement qu'il faut être prête pour le lire car il est vraiment difficile et amène à réfléchir...

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