lundi 20 février 2017

Les larmes noires sur la terre.
Sandrine Collette.
Editions Denoël.
336 pages.
En librairie depuis le 2 février 2017.

Résumé:

Il a suffi d’une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n’avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l’accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d’accueil pour déshérités, surnommé «la Casse». La Casse, c’est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, des rues entières bordées d’automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir. Et puis, au milieu de l’effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s’épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu’elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser. Leur force, c’est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s’en sortir. Mais à quel prix? Après le magistral Il reste la poussière, prix Landerneau Polar 2016, Sandrine Collette nous livre un roman bouleversant, planté dans le décor dantesque de la Casse.

Mon avis:


Je n'avais jamais entendu parler de cette auteure mais la couverture choc de ce roman et son résumé empreint de détresse m'ont vraiment donné envie de la découvrir. Je remercie donc beaucoup les Editions Denoël pour l'envoi de ce titre.


Je dois dire que j'ai commencé ce livre en me demandant si j'allais l'apprécier autant que je l'espérais, car la plume de l'auteure est je trouve assez particulière, comme saccadée. Certains morceaux de phrases n'ont pas de verbe, et j'ai dû souvent les relire deux fois pour en comprendre pleinement le sens. Mais au bout de quelques pages je n'y ai plus fait attention, car j'étais complètement happée par cette histoire effarante, par le destin tragique de Moe qui a 26 ans seulement voit sa vie et ses rêves complètement détruits. Elle qui pensait avoir trouvé le grand amour va vite déchanter, en devenant le souffre douleur d'un homme violent, méprisant, qui la rabaisse sans cesse. Seule solution, fuir pour essayer de trouver un avenir meilleur pour elle, mais surtout pour son bébé.

Moe est une jeune femme qui m'a profondément ému. Le courage et la force qu'elle puise dans l'amour de son fils est exemplaire, car malheureusement la vie ne va pas lui faire de cadeaux . Comment s'en sortir lorsque l'on a personne pour nous aider, ni famille, ni amis, dans un pays qui nous est totalement étranger ? Comment trouver un emploi alors même que l'on a un nourrisson sur les bras? Elle va connaître tour à tour la précarité, la rue, être victime d'agressions sexuelles, subir la faim, la honte d'elle-même et de ce qu'elle est devenu. A travers le personnage de Moe et son histoire on se rend compte que l'on peut très vite tout perdre, ce qui glace le sang. 


Bien évidemment ce qui devait arriver arriva. Moe se retrouve pris en charge par les services sociaux. Et lorsque je pensais que rien de plus affreux ne pouvait lui arriver, ce qu'elle va vivre à partir de ce moment là est bien pire que l'enfer. Une invraisemblable aberration lorsque l'on pense que ces organismes sont normalement là pour aider les plus démunies. Sa vie désormais se résumera à une carcasse de voitures dans une casse, dans lesquelles on parque les êtres humains comme des animaux. Cet endroit m'a vraiment fait penser aux camps de travail pendant la seconde guerre mondiale, car il est impossible d'en sortir sous peine de mort immédiate, parce que les journées sont rythmées par le travail aux champs, et parce que les habitants doivent supporter quotidiennement le sadisme des gardiens, les vols, les viols et par conséquent les avortements.

Heureusement, Moe va dans son malheur avoir la chance de tomber dans un groupe composé de 5 filles toutes plus attachantes les unes que les autres. Au fil des pages on va nous dévoiler leur histoire et ce qui a fait qu'elles en sont arrivées là. Chacune à leur manière m'ont touché, car les drames qu'elle ont vécu sont abominables: attentats, guerre, émigration, esclavage, abandon... Elles vont ainsi décider de s’entraider, de se soutenir coûte que coûte pour ne pas mourir de désespoir, même si aucune ne sait vraiment de quoi l'avenir sera fait, ni si elles pourront un jour sortir d'ici.


C'est un roman très sombre, mais absolument magnifique qui aborde énormément de thèmes différents et qui fait réfléchir surtout sur la précarité, comment les laissés pour compte de la société sont perçus et comment ils pourraient être traités, car vivre dans une casse n'est pas si différent de la rue finalement. On prend conscience alors des difficultés qu'ont les gens à s'en sortir, la facilité avec laquelle ils sont prêt à tout accepter comme Moe quand il n'y a plus d'espoir, comme la prostitution, ou dealer de la drogue... Tout au long du roman on se demande si ces cinq femmes vont en réchapper, et surtout ce que va faire Moe. Tenter de fuir à nouveau au péril de sa vie, ou alors se résigner? 


Pour conclure:
Un roman coup de poing, dur, touchant, qui nous montre à travers le portrait de six femmes battantes et plus particulièrement Moe, toute la misère et la noirceur que recèle le monde, à quel point il est si facile de tout perdre et comme il est difficile alors de s'en sortir. Un livre que j'ai terminé en larme, à lire absolument.

Ma note: 20/20. Un coup de coeur!

2 commentaires:

  1. Merci de nous faire découvrir ce roman! Il me tente beaucoup même s'il doit être très dur!

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    1. Oui il comporte parfois des passages assez difficiles, mais ce n'est pas décrit de façon trop horrifique.

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