samedi 15 avril 2017

Vous n'aurez pas ma haine.
Antoine Leiris.
Editions Le Livre de Poche.
124 pages.

Résumé:

Antoine Leiris a perdu sa femme, Hélène Muyal-Leiris, le 13 novembre dernier assassinée au Bataclan. Alors que le pays était endeuillé, à la recherche de mots pour dire l'horreur, il publiait sur les réseaux sociaux une lettre destinée aux terroristes intitulée Vous n'aurez pas ma haine. Dans celle-ci, il promettait à ces « âmes mortes » de ne pas leur accorder sa haine ni celle de leur fils de dix-sept mois, Melvil. Son message fait le tour du monde. Accablé par la perte, Antoine Leiris, journaliste de 34 ans, n'a qu'une arme : sa plume. L'horreur, le manque et le deuil ont bouleversé sa vie. Mais, à l'image de la lueur d'espoir et de douceur que fut sa lettre, il nous dit que malgré tout, la vie doit continuer. C'est ce quotidien, meurtri mais tendre, entre un père et son fils, qu'il nous offre dans ce témoignage poignant.

Mon avis:

J'ai attendu longtemps avant de lire le récit d'Antoine Leiris car je ne savais pas vraiment si j'étais prête à me remémorer cette journée du 13 novembre 2015. J'ai pensé à tort qu'il était encore trop tôt pour me plonger dans ses mots si tristes, mais en refermant ce livre j'ai compris combien j'avais eu tort.

Bien-sûr je ne vous cacherez pas que j'ai pleuré pendant tout l'heure qu'il m'a fallut pour le lire, parce que évidemment ce texte est poignant mais il est surtout très beau. La force et le courage de cet homme est admirable. Il paraît inimaginable de ne pas s’effondrer après un tel drame, si abominable, si lâche et surtout si injuste. Comment faire pour continuer à vivre malgré tout? Comment ne pas ressentir de la haine face à ces monstres qui ôtent la vie d'innocents au nom d'un dieu en lequel ils croient?

« Notre coccinelle s'est posée sur le nez de la sorcière, elle avait une kalachnikov en bandoulière et la mort au bout du doigt. »

Avec ses mots, des mots d'une poésie et d'une admirable justesse, Antoine Leiris nous explique son devoir d'avancer coûte que coûte pour son fils Melvil devenu orphelin, et surtout son refus de céder à la tentation de détester son prochain. Parce que ce n'est pas la haine qu'il a envie d'enseigner à son fils, pas du tout, mais l'amour, le respect et la tolérance des autres. Son intelligence et sa force d'esprit m'ont énormément touché, car moi-même je ne sais pas si dans une telle situation j'aurais réagi avec autant de recul et de contenance. 

« Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. (…) Et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus. »

Vous n'aurez pas ma haine est également une très belle déclaration d'amour à sa femme Hélène, dans laquelle d'ailleurs il nous raconte leur rencontre douze ans plus tôt et son coup de foudre pour cette femme la plus belle du monde à ses yeux. Un amour absolu, celui que l'on ne connaît qu'une seule fois ou que beaucoup ne connaisse pas. Il nous livre également des bribes de leur si belle histoire, de leur premier baiser à sa demande en mariage sur un banc dans les bois, les moments simples du quotidien qu'ils aimaient passer en famille... En lisant ces lignes on a vraiment l'impression de connaître Hélène, de sentir sa présence tellement l'auteur la rend vivante. 

« Sous un plastique protecteur, une jupe de tulle légère, d'un blanc un peu passé. Le temps a assombri sa couleur. C’était la jupe de notre premier baiser. Les voiles dansaient autour d'elle. Comme des papillons pris dans un filet.  Elle était une danseuse de boîte à musique.  Ce sera ça.  Sous la pierre bientôt, entourée de cadavres envieux, il y aura une petite danseuse qui attendra que l'on ouvre sa boîte. D'en haut Melvil et moi entendrons la musique résonner. »

Et paradoxalement tout cet amour ces moments partagés qui ne seront désormais plus que des souvenirs nous donnent envie de vivre plus fort. Antoine Leiris lui a puisé son courage dans son fils Melvil, pour qui il se doit ne pas abandonner, même si il le dit lui même il y aura des moments difficiles, de profonde solitude, de chagrin, de peur, de doutes notamment face à l'éducation de son fils de dix-sept mois dont il va devoir s'occuper seul sans la présence et les conseils essentiels d'une mère, ou lorsqu'il faudra lui expliquer comment et pourquoi sa maman est partie.

« Le sommeil d'un bébé ne s'encombre pas des horreurs du monde. »

C'est un récit qu'il est à mon sens important de lire pour ne pas oublier, pour continuer à déverser des messages de paix et surtout qui nous montre qu'il y a malgré tout de belles choses dans ce monde impitoyable et sanguinaire.

« Nous ne reviendrons jamais à notre vie d'avant. Mais nous ne construirons pas une vie contre eux. Nous avancerons dans notre vie à nous. »

Pour conclure:
Le récit déchirant d'un homme qui a choisi de ne pas céder à la rancœur et à la haine de l'autre suite aux attentats du 13 novembre 2015 qui ont détruit une partie de sa vie, mais au contraire de vivre plus fort pour son fils Melvil et pour le souvenir de sa femme qu'il continuera à voir à travers lui.

Ma note: 20/20. Un coup de cœur. 

2 commentaires:

  1. Un livre très émouvant je n'en doute pas. Pour autant je ne me suis pas encore lancée dans cette lecture. J'ai adoré Nos 14 novembre d'Aurélie Silvestre dans le même registre. Je pense m'arrêter là pour le moment. A voir dans quelques mois.. :)

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  2. Je ne sais pas si je suis réellement prête encore.. J'ai lu A la place du coeur, qui est un roman, mais je sens que ce sont encore des thématiques lourdes, difficiles et je sais qu'il est important de les lire.

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